lundi 12 février 2024

Reiki ou Qi Anmo ? La magique et le merveilleux ou une certaine approche des soins énergétiques




Le caractère chinois Ling (3187e caractère du dictionnaire Ricci) se traduit par Rei en japonais.

Si on ajoute à Rei le caractère Qi (en chinois) ou Ki (en japonais), on obtient donc le mot Reiki, du nom de la méthode de soin créée et développée par Mikao Usui (1865 - 1926).

Le Reiki est souvent traduit par : énergie universelle. Ce qui n'est d'ailleurs pas la traduction exacte du japonais... Rei, signifie : esprit et Ki : énergie. La traduction la plus simple de Reiki est donc : "énergie spirituelle". 

Il est intéressant, par ailleurs, de se pencher sur le caractère chinois qui lui correspond, un peu comme on le ferait d'un mot français en recherchant son origine latine.

Ling, en chinois, signifie "magique, sacré, merveilleux". Voilà qu'un rapprochement gênant se fait entre Rei et "magique, sacré, merveilleux" ; gênant, car basculer alors dans une forme de "pensée magique" devient un biais que malheureusement beaucoup ont encouragé en promulguant des discours et des idées sûrement sincères mais Ô combien contreproductives !

En effet, quand on arpente les voies diverses et variées (et parfois avariées) du Net, le mot Reiki se trouve associé à des "formules magiques" pour le moins étranges : "dénouer les contractures énergétiques" / "résonnances méditatives et énergétiques transformantes" / "apprentissage expérientiel à travers un vécu intérieur" / "augmenter le taux vibratoire" / "rééquilibrer le flux énergétique" / "comprendre le reiki par la physique quantique" / ...

On parle alors de "vertus avérées", listées à n'en plus finir. Et pour défendre une qualité de soin permettant de satisfaire ces "vertus reikiennes" des "formations diplômantes" et des "annuaires de thérapeutes reconnus" fleurissent...

J'ai été moi-même initié au Reiki (méthode Reiki Usui). J'ai suivi une formation, qui m'a délivré un diplôme. J'ai payé cela très cher (500 € le niveau 1 ; 750 € le niveau 2), et j'ai eu la chance, avant de m'engager dans le 3eme et dernier niveau (1500 €), de rencontrer un enseignant de Reiki qui m'a permis de tout reprendre à zéro (sans rien payer cette fois-ci. Ouf ! Merci M. ROUX !)

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, j'ai découvert des liens entre le Qi Gong et le Reiki, le taoïsme de l'école du Ling Bao Ming et le shinto japonais, et j'ai ainsi pu arrêter de dépenser de l'argent, tout en obtenant (heureusement !) des résultats.

Le merveilleux et le magique...

Il est merveilleux de sortir d'une séance d'ostéopathie en ne ressentant plus la douleur lombaire avec laquelle nous étions arrivés. Il est aussi merveilleux quand on prend un cachet d'aspirine de ne plus avoir mal à la tête ensuite.

Ce merveilleux peut être quelque peu magique : en effet, comment comprendre la "magie" de la chimie de l'aspirine ou celle de la technique manipulatoire de l'ostéopathe ? On le dit bien souvent : "cette séance était magique !"

Pourtant, tous les ostéopathes ne se valent pas et toutes les séances d'ostéopathies ne sont pas égales, tout comme tous les maux de tête ne disparaissent pas forcément avec un cachet d'aspirine.

Le merveilleux opère et lorsqu'il ne peut être compris ou simplement appréhender, il en devient magique.

Or, le Reiki peut avoir des résultats merveilleux, mais pour autant, il n'en est pas moins une méthode magique.

Comment donc, alors, comprendre son fonctionnement ? 

Depuis que je pratique et enseigne le Qi Gong, revient systématiquement ce besoin d'expliquer - de la part de bon nombre de confrères - ce qu'est le Qi, de parvenir à une définition, voir une analyse, si possible - bien évidemment - scientifique (ce serait super !) ou à minima psychologique...

Or, tout le problème réside avec ces méthodes (Qi Gong, Yoga, Reiki ou autres) qu'elles se pratiquent et s'expérimentent. Lorsqu'on parle de magnétisme ou du pouvoir du "papi qui vit à la campagne et qui enlève le feu", là, étrangement, tout le monde s'accorde pour dire que : "ça ne s'explique pas !" ; "faut pas chercher à comprendre, c'est un don !"... Par contre, lorsqu'on parle du Reiki ou du Qi Gong, là, il faudrait parvenir à fournir une thèse argumentée sur la base d'études en physique quantique et en électromagnétisme, avec des annexes d'études psychiatriques et neuroscientifiques !

Appelons un chat un chat !

Le Reiki a son pendant chinois qui s'appelle le Qi Anmo (j'y reviendrai). Toutes les sociétés traditionnelles ont leurs "maîtres Reiki" : magnétiseurs, enleveurs de feu, chasseurs de verrues, guérisseurs...

"Beaucoup de personnes cherchent à définir le reiki et à l'expliquer en fonction de leur système de croyances. Certains considéreront que le reiki est une énergie venant de dieu, ou des guides reiki, d'autres chercheront plutôt des explications scientifiques. Toutes les théories que l'on peut élaborer au sujet du reiki sont assez réductrices. Le reiki n'est pas simplement une énergie, mais un phénomène bien plus complexe. La seule chose qui est sûre, c'est que pour connaître et comprendre le reiki, il faut le pratiquer. Le reiki existe seulement dans l'instant présent de l'expérience, plus on tente de l'intellectualiser, plus il nous échappe." C. Roux

Je parlais plus haut de Qi Anmo. Qu'est ce que c'est ? Il s'agit, dans la médecine traditionnelle chinoise, de l'une des quatre formes de "massage", où l'on agit uniquement par... imposition des mains et diffusion de l'énergie. Magnétisme ? Pouvoir magique de guérisseur ? J'ai presque envie de dire : "Hum... ça ne s'explique pas... 'Faut pas chercher à comprendre..." 

Toutefois, en rester là, serait juste ironique et ne ferait pas avancer les choses.

Si l'on veut comprendre "comment ça fonctionne" ou "qu'est ce que c'est", il faut accepter d'embrasser un autre regard, ou d'observer les choses d'un autre point de vue.

Le philosophe taoïste Wang Tse Ming proposait une comparaison intéressante entre le massage chinois traditionnel et la calligraphie.

La pierre à encre représente la structure (Ti) : il s'agit des os et des articulations.

Le bâton d'encre représente la forme (Xing) : les muscles et les tendons.

L'eau qui dissout l'encre, c'est l'essence (Jing).

Le pinceau représente l'énergie, le souffle (Qi).

La feuille de papier de riz, c'est l'intention (Yi). Dans le corps, il s'agit de la concentration.

L'image que l'on a en soi, c'est l'esprit (Shen).

La calligraphie, c'est la libération de l'esprit (Zheng Shen).

L'observation de la calligraphie par un autre, c'est la transformation (Hua), c'est ce que produit la calligraphie.

Aussi, à partir de l'assise paisible (Zuo) et stable (Xi), il faut réunir la structure (Ti), la forme (Xing) et l'essence (Jing) au travers du mouvement (Dong).

Il faut amener le pinceau (Qi) vers l'encre formée, qui symbolise l'essence authentique (Zheng Jing).

Le pinceau (Qi) et l'encre préparée (Zheng Jing - l'essence authentique), vont se mêler comme pour créer quelque chose de merveilleux (Ling).

Il faut alors diriger le pinceau (Qi) avec l'intention (Yi) vers la feuille (symbole de la manifestation de l'intention - Yi).

Il convient alors de projeter librement l'esprit (Shen) dans le mouvement qui permet à la calligraphie (l'esprit) de se manifester pour provoquer "autre chose", une transformation, une réalisation (Hua).

Voilà comment ai-je compris (cum prendere - pris avec moi) le Reiki, le Qi et toutes ces notions : comme une réalisation intérieure, similaire à celle que l'on atteint lorsqu'on contemple un tableau ou qu'on écoute une symphonie... Quelque chose d'indéfinissable, mais pourtant de réellement ressenti.

Le Reiki, le Qi Gong, le Yoga... toutes ces méthodes sont souvent présentées avec une ambition à géométrie variable : résoudre les problématiques existentielles, dénouer les nœuds d'énergie, libérer l'âme, dépasser les conflits intérieurs... Mais parfois, l'ambition débouche sur de la prétention...

Me concernant, je m'en réfère à ma pratique, car comme toutes ces méthodes (Qi Gong, méditation, yoga...) la pratique appartient à celui qui la pratique. Dans le cadre du Reiki, comme en massage traditionnel, elle se partage avec un tiers. La méthode appartient donc à celui ou celle qui donne et à celui ou celle qui reçoit.

Il n'y a pas de magie avec le Reiki ; peut être du merveilleux, lorsqu'à la fin d'une séance, on ressent un bien-être (pour celui qui a reçu) et une satisfaction (pour celui qui a donné). Le merveilleux se confirme lorsque celui ou celle qui reçoit profite du Reiki sur le temps long et qu'il dépasse la notion de bien-être pour aborder celle de bonheur. Alors le merveilleux peut effectivement se targuer d'être un peu magique.

Lorsque je diffuse le Qi, je le fais de façon neutre. Je ne pense ni à guérir, ni à résoudre une problématique... 

Je suis médium : entre Ciel et Terre. 

Je favorise ; je permets une rencontre : je suis médiateur. Je mets en relation deux univers : l'Univers lui-même - appelons le "la Nature" - et un être humain, qui ne sait pas (encore) qu'il ne fait qu'Un avec l'Univers ; qu'ils sont de même nature. Le temps de cette rencontre, ils vont apprendre tous deux à se connaître, pour rester ensuite liés et interagissant, je l'espère, le plus longtemps possible... ce qui me permet de m'éclipser et de les laisser entre eux poursuivre leur chemin sereinement...






mardi 3 octobre 2023

Les Six Dragons

 

Point d'acupuncture Hui Yin - Dragon de bronze - Jing Long

Point d'acupuncture 
Qi haï - Dragon de jade Yu Long

Point d'acupuncture Zhong Ting - Dragon de bois Mu Long

Point d'acupuncture Tian Tu - Dragon de soie Jin Long


Point d'acupuncture Yin Tang - Dragon de nuages Yun Long

Point d'acupuncture Bai Hui - Dragon de lumière Mong Long







Le Qi Gong des Trois Trésors

 Trois sections composées de quatre exercices.

Douze mouvements au total + une posture finale.

Section "TERRE"

Le vieux prunier étend ses branches

La grenouille nage dans l'étang

Le gibbon s'empare du fruit

Le jeune cerf joue des bois

Section "ETRE HUMAIN"

La jeune fille (ou la princesse) regarde la fleur de lotus s'épanouir

Amener le buffle à l'enclos

Le paysan sème les graines

Le pêcheur jette le filet

Section "CIEL"

La grue blanche déploie ses ailes

Le dragon remonte au Palais de Jade

L'Arhat prie Bouddha

Six Dragons s'unissent au sommet

Treizième posture : Wu Ji - le sans forme, le non manifesté





San Bao - Trois Trésors

Les trois trésors, San Bao en chinois, font référence à deux notions distinctes :

- Le triptyque composé par la terre, l'être humain et le ciel

- Les trois énergies fondamentales que sont le Jing (l'essence), le Qi (le souffle, la vitalité) et le Shen (l'esprit).

Jing, désigne l'énergie fondamentale de l'être humain. On compare (peut-être à tort) cette notion à l'ADN, ou aux énergies "brutes" du corps.

Le Qi s'apparente souvent à la respiration.

Le Shen, à l'esprit et parfois par extrapolation, à l'âme (si on souhaite y mettre un sens religieux ou mystique).

San Bao peut aussi être traduit par "Trois Pouvoirs". 

Le pouvoir de la Terre, correspond à notre capacité à entretenir nos fonctions vitales essentielles et à les optimiser. Ce pouvoir s'acquiert par la pratique du "juste milieu" et de la tempérance. Dans la conception chinoise des arts énergétiques, entretenir sa vitalité signifie déjà dans un premier temps, ne pas la détruire. L'un de mes enseignants me répétait souvent : "Il ne sert à rien de pratiquer le Qi Gong si tu dois détruire les bienfaits du travail accompli par des excès." Il refusait même d'enseigner aux élèves qui fumaient, avançant l'idée que respirer puis tuer sa respiration avec le goudron était une aberration. Il fallait faire un choix.

Le pouvoir de l'être humain : il s'agit là de notre capacité à communiquer, à établir du lien, et à le faire de façon à générer, là encore, l'accroissement de notre vitalité. Il s'agit ici de s'évertuer à développer des relations apaisantes avec l'Autre, à établir "un partenariat efficace et bienveillant" avec le genre humain. La bienveillance ne signifie pas la complaisance. Il ne s'agit pas là d'avoir une attitude béate, extatique, et de s'effacer, mais bien au contraire, de chercher une rectitude dans nos rapports à l'Autre et aux autres.

Le pouvoir du ciel : de façon très pragmatique, cette dernière étape intègre ce que les chinois désignent par le mot "Hua" : au-delà ; ce qui se transforme. 

J'ai récemment découvert un reportage sur le thème de l'âme, et c'est un reportage qui m'a quelque peu "dérangé". Divers intervenants cherchaient à apporter des définitions, des explications, des témoignages sur cette notion... Beaucoup parlaient d'amour, de silence, de paix infini, de vie à l'état pur, de spiritualité, de trouver du sens, de s'immerger dans un bonheur intérieur, de taire le flot des pensées, de retrouver le silence intérieur, d'aller à la rencontre de ses émotions, de notions d'énergie, de physique quantique, de corps énergétique, de chakras, d'amour de soi, de quête du bonheur, d'expression de gratitude, d'énergie créatrice, etc. Ce qui m'a dérangé c'est l'importance, en filigrane, accordé au "Moi", comme fil de liage à cet écheveau de témoignages.

L'un de mes référents en méditation, M. Tam, racontait son expérience d'emprisonnement alors qu'il était au Vietnam, pendant la guerre. Très pragmatiquement, il expliquait que son souci quotidien était de pouvoir résister à la faim afin de donner sa ration de nourriture à quelqu'un d'autre. Il disait qu'avoir une âme c'est cette capacité à pouvoir faire passer l'autre avant soi ; à prendre conscience des besoins de l'Autre avant les siens ; le bonheur de l'Autre avant le sien. On peut parler d'amour universel, de chemin initiatique, d'absolu, de reliaison, d'état joyeux... J'ai retenu cette simple notion de vie de mon Maître comme toise nécessaire à ce "pouvoir du ciel". 

Si l'égo de mon confort, de mon plaisir, de mes "petites satisfactions personnelles", de mes "petites distractions", de mes "petits plaisirs" prédominent vis-à-vis du bonheur de l'Autre, de ses besoins, de son bonheur, alors je mesure moi-même mes limites et le travail qui me reste à faire. C'est simple, pragmatique et extrêmement concret : c'est le pouvoir du Ciel qui relie le pouvoir de l'être humain au pouvoir de la terre.






 





lundi 4 septembre 2023

Les Quatre Principes

 Les Quatre Principes (Shi Sou Yi)

1. Agir avec le minimum d’effort pour obtenir l’effet recherché (Shi Ban Gong Bei)
2. Maintenir en l’état (Baokuo)
3. Accueil et ouverture (Zhan Kai)
4. Non intervention (Wu Wei)
Il s'agit des Quatre Principes fondamentaux de la pratique du Qi Gong et, pour être tout à fait précis, du Daoyin Fa Qi Gong.
À l'inverse d'un monde où la compétition et la recherche de performance poussent à se "dépenser", la réflexion sous-jacente à ces Quatre Principes nous encourage plutôt à réfléchir à comment faire pour nous économiser.
Le corps, de sa naissance à sa mort, se fatigue et s'épuise, en épuisant graduellement ses réserves. Pousser son cardio, accroitre ses performances, vouloir à tout prix être un "winner" nous oblige contextuellement à accélérer, à augmenter, à obtenir toujours plus de résultats, de se fixer toujours et encore des objectifs, et quand on sait finalement où tout finit, on pourrait à juste titre se demander s'il ne serait plus judicieux au contraire de ralentir, de diminuer, de se cantonner à une économie de mouvements, à s'inscrire dans le temps de la respiration profonde et dans celui de la réflexion.
Maintenir en l'état (second principe), c'est déjà être parvenu à un résultat et le consolider, faire au moins qu'il se maintienne, afin que l'on puisse apprécier les effets.
Accueil et ouverture (troisième principe), c'est à partir du bénéfice acquis et de la vitalité développée sans effort (second et 1er principe), la capacité que l'on peut avoir alors d'accueillir la vie et de s'ouvrir à l'autre.
C'est un principe essentiel, car ce principe fait référence à l'empathie, à la bienveillance, à la compassion, à l'altruisme et à l'amour.
C'est en quelque sorte la toise, l'outil de mesure de notre progression spirituelle. Penser à l'autre avant de penser à soi. S'inquiéter du bien-être de l'autre, avant son propre bien-être. S'ouvrir à une perception de la peur que l'autre peut ressentir ; de la colère, du stress... Être en capacité intellectuelle, spirituelle, d'effacer son égo.
Quand on roule vite en considérant que la route nous appartient, c'est savoir ralentir et se ranger sur le bas côté.
Quand on fume, c'est s'inquiéter de savoir si la fumée de sa cigarette n'incommode pas.
Quand on a des enfants, c'est penser à eux avant de penser à ses plaisirs et son confort et ne pas les laisser par exemple pendant des heures devant un écran pour "avoir la paix".
La liste pourrait être longue... Mais ce sont dans toutes ces petites choses du quotidien que l'on peut mesurer pour soi-même la force d'intégration et d'assimilation de ce 3eme principe.
Non intervention (quatrième principe), cela consiste à laisser le Qi agir une fois que nous avons mis son mouvement en branle. À l'instar du tir à l'arc japonais, c'est cette conscience d'avoir accompli tout ce qu'on avait à accomplir, de l'avoir fait au mieux et d'accepter au moment de l'action de lâcher prise, d'accepter que nous n'avons de contrôle que sur nos muscles et sur l'arc, mais pas sur la flèche ni sur la cible.
Belle pratique à vous.

mercredi 30 juin 2021

Interne ? Externe ? Quel rapport avec le Qi Gong ?

 

L'entrainement aux techniques d'entretien de la vitalité est majoritairement connu en Occident sous le nom de Qi Gong.

Il convient néanmoins d'apporter quelques précisions.

Nei Jia et Wai Jia

On distingue en Chine deux modes opératoires permettant d'entretenir la vitalité.
Nei Jia signifie Travail Intérieur et désigne l'ensemble des pratiques qui n'utilisent d'autres outils que le corps humain, sa respiration et son système énergétique.
Wai Jia signifie Travail Extérieur et fait référence aux pratiques qui sollicitent l'utilisation de plantes, de remèdes, d’absorptions de mélanges de produits divers dit alchimiques.
En France et en occident de façon plus générale, les méthodes d'entretien de la vitalité que nous connaissons sont communément appelées Qi Gong et font référence aux pratiques issues du premier courant de travail, le Nei Jia. 

Qi Gong



Le terme chinois Qi Gong est un terme générique récent (ou peu ancien) qui signifie :
Qi : air, air en mouvement, énergie, souffle, vie, vitalité.
Gong : travail, entretien.
On traduit souvent Qi Gong par travail de l'énergie interne. Nous préférons Entretien de la Vitalité.
En Chine, les textes anciens parlent plutôt de Daoyin Fa Qi Gong : Entretien (Gong) de la vitalité (Qi)  par les techniques (Fa) de nutrition intérieure (Daoyin).
Cette appellation a été le plus souvent assimilée aux pratiques d'obédience taoïste.

Daoyin Fa Qi Gong

Intimement lié aux philosophies chinoises (taoisme, bouddhisme et confucianisme) et à la Médecine Traditionnelle, le Daoyin Fa Qi Gong a donc des implications évidentes non seulement avec la vitalité physique mais aussi avec une certaine recherche d'harmonie entre le corps et l'esprit.

Daoyin veut dire "nourrir l'intérieur" ou "nourrir l'Interne".
Fa signifie technique.
Qi : vitalité.
Gong : Travail.

Daoyin Fa Qi Gong pourrait donc se traduire comme technique d'entretien de la vitalité par la nutrition de l'Interne.

Les deux outils essentiels du pratiquant en Daoyin Fa Qi Gong sont 1.) sa respiration et 2.) son corps.

Par un jeu subtil de mouvements et de respirations l'idée des pratiques du Daoyin Fa Qi Gong visent donc à calmer le coeur et pacifier l'esprit, à éveiller les sens et concentrer l'énergie, à mobiliser cette énergie et à stabiliser la posture afin dans un premier temps de préserver l'énergie vitale de l'être, de l’accroître ensuite, de la conduire efficacement afin d'en constater une manifestation, un contrôle, une action.

Ce contrôle de l'énergie peut donc se manifester et s'utiliser de différentes manières : l'entretien de la santé, le traitement d'affections courantes, l'expression artistique, les relations personnelles, professionnelles, la recherche de spiritualité, etc.

Dans les arts martiaux, la pratique du Daoyin Fa Qi Gong est préconisé principalement pour :
1.) L'entretien de la vitalité
2.) L'apaisement des tensions et la dispersion des stases dues à l'entrainement
3.) Le renforcement physique et énergétique
4.) La recherche d'un esprit apaisé et serein

Les écoles et les techniques de Qi Gong

Elles sont très nombreuses. Il existe principalement des écoles d'obédience taoïste et bouddhiste.
On distingue en Chine trois grandes écoles taoïstes.
  • L'école du Ling Bao Ming (clarté du joyau sacré).
  • L'école Jing Dang (pilule d'or)
  • L'école Mao Chan (Montagne admirable).


Il y a ensuite les courants dits de synthèse, qui ne font pas référence à des écoles mais à des systèmes comme Les Huit Brocarts ou le Jeu des Cinq Animaux ou encore L'envol de la Grue Blanche. 
Ce sont des ensembles d'exercices qui présentent une approche globale.
Il y a ensuite toutes les formes de Qi Gong que l'on retrouve dans les arts martiaux et toutes les formes de Qi Gong qui ont été développées en Asie par et pour les pratiques thérapeutiques.

La pratique du Qi Gong au sein de l’association
  
·                     Daoyin Fa Qi Gong de l'école taoïste du Ling Bao Ming
Comme nous l'avons précisé il existe en Chine trois grandes écoles taoïstes : l'école Mao Chan (Montagne Admirable), l'école Jing Dang (Pilule d'Or) et l'école du Ling Bao Ming (Ecole de la Petite Réalisation du Joyau Ecarlate).
Les techniques que nous enseignons viennent de l'école du Ling Bao Ming.
Par affiliation directe, ces techniques sont transmises par Maître Georges Charles, représentant de l'école d'arts martiaux San Yi Quan.
La méthode de travail s'appuie sur l'entretien d'un mouvement de flux et de reflux, ainsi que par la liaison des principes antagonistes (monter/descendre, haut/bas, droite/gauche, inspir/expir, etc.)
Séquencé en deux grands groupes distincts (Yi Yin Fa - techniques de préparation ou de "prénutrition" et Daoyin Fa - techniques de nutrition de l'Interne) la méthode est une méthode globale qui présente une profonde cohésion et une liaison systémique entre chaque exercices.
  
·                     Qi Gong du système Bouddhiste du Temple de la Petite Forêt (Shaolin)
Issues de l'école Hung Gar, ces techniques sont connues sous le nom de "Yijingking Xisuijing" ou "Nettoyage des muscles et des tendons et purification de la moelle et des sinus". L'enseignement du Yijingking Yisuijing remonte à Bodhidharma, son fondateur.
On pourra aborder aussi le travail des Sceaux Impériaux, le jeu des Cinq Animaux, le jeu des Cinq Dragons, etc.
  
·                     Qi Gong "de synthèse"
Méthode des Huit Pièces de Brocard (civile et militaire)
Méthode du Jeu des Cinq Animaux
Méthode de la Grande Nutrition de l'Interne
  
·                     Qi Gong d'origine vietnamien - Khi Công
Ayant étudié les arts martiaux vietnamiens de l'école Sa Long Cuong pendant presque dix ans, de 1987 à 1997, nous transmettons aussi des méthodes spécifiques issues des pratiques vietnamiennes telles que : 
  • Le Réveil de l'Energie du Souffle Vital (Khởi Khí)
  • La Mobilisation du Souffle par la méthode curative de l'oeuvre du Souffle (Vận Khí Khí-Công Liệu-Pháp)
  • Enchaînement codifié pour raffermir les tendons (Luyên Gân Thảo-pháp)
  • Enchaînement codifié Le déplacement des nuages et l'écoulement de l'eau (Lưu-Thủy Hành-Vân Quyền)

·                     Qi Gong avec des outils de travail
Travail de l'énergie interne avec l'épée
Travail de l'énergie interne avec le bâton

·                     Qi Gong "évolutifs"
Ce groupe de travail inclut toutes les pratiques que nous avons pu étudier et que nous transmettons mais qui n'ont pas obligatoirement de rapport avec les formes dites "traditionnelles" venant de l'Asie.
On retrouve ici notamment des exercices issus par exemple du Systema (méthode russe de combat), de la Marche Afghane ou des exercices d'assouplissement ou de renforcement issus du Penchak Silat.




lundi 9 novembre 2020

Vidéos pour la pratique... dédiées aux éléves de Grand Champ

 En cette période de confinement, voici trois vidéos (pour commencer) décrivant : 

1. le salut rituel de l'école San Yi Quan (le Poing des Trois Harmonies ou le Poing des Trois Unités)

2. Les techniques de balancements rythmiques qui marquent le début de la pratique de la forme de synthèse de Qi Gong qu'est Kai Men Shi (Ouverture des Portes de la Pratique)

3. L'exercice Douze Portes et Treize Postures, qui est l'exercice central du Kai Men Shi.


Le salut rituel

Les balancements rythmiques

Douze portes et treize postures

lundi 5 octobre 2020

Kai Men She : ouvrir les portes de la pratique ou comprendre les règles du jeu

Kai Men She est un exercice de présentation des pratiques internes des Daoyin Fa Qi Gong en général et de l’école taoïste du Ling Pao Ming (école du Joyau Sacré) en particulier.

Il s'agit d'une pratique de synthèse servant de préparation corporelle et énergétique. 

Kai Men She permet une découverte des exercices d'entretien de la vitalité - Qi Gong - , et permet de comprendre les principes essentiels à cet entretien. En ce sens, Kai Men Shi ouvre des portes et offre la possibilité d'appréhender les règles fondamentales.

 

L’enchaînement se déroule de la façon suivante :

 

1

WUJI – L’ORIGINE

2

MARCHE IMMOBILE : balancer les bras

3

PRENDRE LA SPHERE DANS LES MAINS

4

CALMER ET PACIFIER

5

EVEILLER ET CONCENTRER

6

MOBILISER ET STABILISER

7

TROIS MOBILISATIONS/REGENERATIONS : PETITE, MOYENNE, GRANDE

8

ACCROITRE POUR UTILISER : mobilisation/accueil/conduite/contrôle/utilisation

9

PRENDRE L’ENERGIE EN MAIN : massages des mains

10

AUTOMASSAGES :

Tonifier le centre inférieur

Disperser le centre médian

Répartir l’énergie ancestrale

Mobiliser les membres supérieurs

Stabiliser les membres supérieurs

Ouvrir le centre supérieur

11

L’ETRE HUMAIN ENTRE CIEL ET TERRE :

Accueillir l’énergie céleste

Comprendre l’essence terrestre

Echanger avec l’être humain

12

OUVRIR LES 12 PORTES

13

DEUX HARMONISATIONS :

harmonisation d’accueil (3)

harmonisation de retour au calme (2)

14

PETIT SALUT

15

LIBERER LE BASSIN :

côté/droite-gauche/haut-bas/dextre (3)/senestre(2)

16

RENFORCER LES GENOUX

17

LAISSER L’EMPREINTE DES PIEDS : talons/orteils

18

S’ASSEOIR (en croisant sur l’avant)

19

RECHAUFFER LES GENOUX

20

S’ETENDRE ET ENLACER LE CIEL

21

ENLACER LES MAINS, S’ETENDRE ET BAILLER

22

SE RELEVER EN SPIRALE

23

MARCHE IMMOBILE : petit balancement de retour

24

WUJI – RETOUR A L’ORIGINE

 La pratique commence avec une posture de réglage et d'alignement : Wu Ji

Wu Ji, signifie le Sans Forme, le Non Manifesté, Les Choses Telles Qu'Elles Sont...

C'est ce qui est indéfini avant la création du ciel et de la terre, ce qui contient tout sans le montrer, à l’image même du Tao.

Wu Ji, c’est La position de l’homme centré dans l’univers. Cette posture préconise le placement correct du corps suivant l’axe de la colonne vertébrale et du bassin. Elle se prend suivant les principaux réglages qui déterminent l’alignement et le positionnement du corps :

Equilibre sur le plan frontal, sur le plan sagital, le plan horizontal, se placer entre extension et flexion, ouverture et fermeture, s’aligner sur l’axe verticel, et situer son corps sur l’axe du ciel et de la terre.

Dans cette position qui privilégie une légère rétroversion du bassin, les épaules sont tombantes, le menton est légèrement rentré et le sommet du crâne légèrement tiré vers le haut. Les pieds sont parallèles et la posture se stabilise par un jeu subtil du transfert du poids du corps tout d’abord sur les talons (Terre), puis sur la pointe des pieds (Ciel) afin de centrer ce poids sur la plante du pied (Homme).

On agit ainsi par ce jeu simple du positionnement du corps sur les trois diaphragmes ostéopathiques : le diaphragme crânien, thoracique et pelvien.

La médecine chinoise traditionnelle prend en compte : la structure corporelle (os, tendons, muscles, etc.), les fluides (sang, liquides lymphatiques, eau, etc.), les organes et les viscères, l’essence fondamentale véhiculée dans les os (le Jing), l’essence fondamentale véhiculé dans le souffle et le sang (le Qi), ses diverses manifestations (Hun, Po, etc.) et l’essence fondamentale véhiculée par l’esprit (le Shen).

L’entretien de la santé, de la vitalité (but principale du thérapeute en médecine traditionnelle chinoise) passe par la conservation du bon fonctionnement de ces divers éléments.

La structure corporelle est entretenue globalement dans Kai Men She, par un jeux successif de mouvements de plus ou moins grandes amplitudes, par un travail mettant en action les articulations, les axes principaux du corps (bassins, colonne vertébrale, etc.), les tendons et les muscles, la position. Il s’agit là de toute la partie apparente, périphérique et superficielle (gymnique) de Kai Men She. 

Le travail sur les fluides et le Qi intervient plus précisément dès le début de la pratique avec les exercices de 1 à 6.

Georges Charles, de l’école San Yi Quan explique :

« Dans la pratique du Tao-Yin Qigong de l’Ecole Taoïste du Ling Pao Ming (Ling Pao Ming Siu Tan Pai Tao Yin Qigong), codifiée au XIIIe siècle il existe dans les formes préparatoires du Kai Men Shi (« Ouvrir les Portes de la Pratique ») et du Yi Yin Fa (« Exercices Préparatoires) plusieurs types de balancements rythmiques qui permettent de mobiliser spécifiquement l’énergie vitale (Qi) grâce à des mouvements liquidiens (Jing) profonds et ceci en vue d’obtenir un effet particulier.

Calmer le Cœur et Pacifier l’Esprit (An Xin Jing Shen) :

Il s’agit d’un balancement latéral plus ou moins rapide, plus ou moins tendu, plus ou moins ample, dont le but est de pacifier l’Esprit (Jing Shen). En effet dans la  conception chinoise classique le Cœur (Xin) engendre une entité viscérale (ou une fonction extraordinaire) qui est l’Esprit (Shen). Lorsque le cœur est calme l’esprit est donc en paix. Calmer le cœur permet de pacifier l’esprit. Un cœur agité par la colère, par l’envie, par la méfiance engendre un esprit belliqueux et agressif. Les pratiques chinoises issues du Taoïsme, du Bouddhisme, du Confucianisme attachent une grande attention à ce que l’esprit soit pacifié mais il ne s’agit en aucun cas d’une espèce de « légumisation » ou d’endormissement de la conscience. Pour éviter ce risque une seconde série de balancements suit cet exercice.

Eveiller les Sens et Concentrer l’Energie (Kai Tang He Qi) :

Le balancement est frontal, donc d’avant en arrière et suit le rythme de celui pratiqué précédemment. L’action se situe principalement entre le sommet du crâne (point Baihui) et le centre du périnée (point Huiyin) et implique de ce fait un mouvement crânio-sacré bien connu des ostéopathes. Il convient alors de jouer entre ténèbres (Yin) et clarté (Yang), d’inspirer en montant et d’expirer en descendant.  En montant les bras s’entrouvrent au niveau du diaphragme et en descendant elles se rejoignent au niveau de la symphyse pubienne. Il convient d’éveiller les sens (littéralement « ouvrir les sens » (Kai Tang)) mais sans en devenir l’esclave. Donc en respectant la « juste mesure ».

A ce sujet l’un des grands philosophes Taoïstes, Zhuangzi (Tchouang Tseu) explique (L’œuvre complète II) : « C’est en marchant que la Voie est tracée, c’est en les nommant que les choses sont définies. La juste mesure permet la pratique, la pratique amène un résultat, le résultat représente le succès. Parvenir au succès est proche du Tao. Il faut affirmer les faits ». Il convient également de concentrer l’énergie (He Qi) sans bloquer ou enfermer celle-ci. Elle doit être concentrée mais libre d’agir.

C’est pour cette raison qu’il existe une troisième série de mouvements rythmiques.

Mobiliser l’Energie et Stabiliser la Posture (Dong Qi Xi Tai) :

Ce mouvement est un balancement vertical. Dans la phase de mobilisation (Dong) les mains paumes vers le haut montent jusqu’à la poitrine dans une inspiration. Dans la phase de stabilisation (Xi) les mains redescendent paumes vers le sol jusqu’au niveau des hanches. La mobilisation de l’Energie (Dong Qi) permet d’affermir la posture (Xi Tai) et, par contre coup une posture bien stabilisée permet à l’Energie de mieux se mobiliser, donc d’agir. La mobilisation Dong correspond également au caractère classique désignant l’Orient (soleil montant), la stabilisation Xi correspond également au caractère classique désignant l’Occident (soleil couchant). Originellement les extrême orientaux avaient l’habitude de s’agenouiller tandis que les occidentaux avaient, et ont, l’habitude de s’asseoir. Ce qui implique des différences dans la perception du mouvement. Les orientaux nous considèrent comme « assis » et quelque peu sclérosés dans nos habitudes et dans nos attitudes. Ils considèrent donc que la tradition est toujours en mouvement et toujours renouvelée. De l’autre coté du miroir nous avons, évidement, une conception quelque peu différente de cette tradition orientale ! Précisons encore que le Qi (Chi, Tchi, Tsri, Ki…en fonction des transcriptions utilisées) possède, dans les dictionnaires classiques de la langue chinoise, plusieurs définitions particulières. La première d’entre-elles est simplement l’air. La seconde est le souffle. La troisième est l’énergie. La quatrième est la vitalité. C’est la logique chinoise. Si il y a air, il y a souffle, si il y a souffle il y a mouvement, donc énergie, si il y a énergie et mouvement il y a vie donc vitalité. Sans mouvement, sans énergie, sans souffle et sans air il n’y a pas de vie. Respirer c’est motiver le souffle, motiver le souffle c’est favoriser l’énergie, favoriser l’énergie c’est s’ouvrir à la vie.

Cette dernière série peut également s’effectuer en position agenouillée ou/et en position assise.

La mobilisation correspond à des mouvements circulaires dans le sens des aiguilles d’une montre (dextrogyre) en allant de la périphérie en surface vers le centre et la profondeur. L’image est de saisir la lumière superficielle et périphérique et de l’amener vers le centre et la profondeur en vue d’une « clarification » (Ming).

La stabilisation correspond à des mouvements circulaires dans le sens des aiguilles d’une montre (sénestrogyre ou lévogyre) en allant du centre en profondeur vers la surface en périphérie. L’image et d’aller chercher en profondeur ce qui est usé, ancien et de l’amener vers l’extérieur en vue d’une « purification » (Xing).

Un mouvement de synthèse (entre clarification et purification) correspond à des mouvements en lemniscate (infini en forme de 8 horizontal) et ceci dans deux directions différentes possible.

La raison profonde de ces divers balancements est de permettre au corps de libérer les entraves de protection qui limitent, justement, le mouvement profond des liquides. En effet, le cerveau est tout particulièrement protége par le crâne mais également par le liquide céphalo rachidien qui s’oppose aux mouvement violents qui seraient en mesure de blesser le cerveau. Des membranes intra crâniennes (méninges, faux du cerveau, tente du cervelet) limitent également, par simple tension de réaction, ces mouvements. C’est le principe d’un œuf cru placé dans un bocal. Si on remue le bocal on casse l’œuf. Si on remplit ce bocal d’eau froide il devient plus difficile de casser l’œuf. Avec de l’eau tiède et salée cela devient très difficile. Si, de plus on place l’œuf dans un sac en plastique il devient impossible de le casser sans casser le bocal. Mais cela limite le mouvement de l’œuf dans le bocal ! Par un balancement lent, rythmique et progressif on parvient à mobiliser l’œuf sans risque de le briser. Lorsque le corps se méfie, à juste titre, du mouvement que l’on va faire effectuer au crâne il renforce ces défenses limitant le mouvement du cerveau. Le cerveau est protégé mais immobile, voire contraint. En habituant le corps progressivement à un mouvement non agressif, donc considéré comme non dangereux et même plaisant, il relâche naturellement ces défenses et le cerveau retrouve sa mobilité et un état de veille assez proche de celui de la méditation ou du rêve. Et libère le mouvement du liquide (Jing) et par conséquence de l’énergie (Qi) de manière, grâce à la juste mesure, de parvenir à un résultat. Donc de s’approcher du Tao.

Quelques définitions classiques qui permettent d’y voir un peu plus clair : « c’est en nommant les choses qu’elles sont délimitées » : respiration Re (relier) Spir (l’esprit) axion (à l’acte).

Respirer c’est relier l’esprit à l’acte. Dans l’inspiration l’esprit (Spir) agit (axion) ) l’intérieur (In) tandis que dans l’expiration l’esprit agit vers l’extérieur. La décontraction c’est enlever (De) ce qui empêche (contre) d’agir (action), la relaxation c’est re-lâcher-l’action ou laisser-faire mais en conservant son axe, donc son équilibre.

La méditation c’est, étymologiquement Agir (Action) Centré (Médius). Les termes sanscrits de Dhyana, chinois de Chan Na (Chan), japonais de Zen Na (Zen) désignant la méditation correspondent également à la définition classique et simple d’Agir Centré. Il est difficile de retrouver son centre si on ne délimite pas la périphérie. Ces balancements permettent de définir corporellement cette périphérie, donc d’agir avec la conscience du centre. Par la suite on retrouve l’aphorisme « Dans la méditation le centre est partout, la périphérie nulle part ».

Cela implique que le centre se retrouve dans toutes les parties du corps et du mouvement, ce qui permet alors d’échapper à la contrainte du milieu périphérique (qui peut être social, religieux…) donc d’être libre d’agir. »    

Le Qi cesse d’exister la où apparaît la forme, sauf si cette forme est animée d’un mouvement.

Aussi, afin de pouvoir utiliser le Qi, il convient de mettre le corps en mouvement.

La mobilisation du Qi en vue de son utilisation devient alors possible, et si on respecte les règles de travail du Qi, le potentiel de l’énergie devient alors optimale.

Pour optimiser le travail du Qi il convient dans un premier temps de mettre en branle celui-ci, puis de le mobiliser afin de l’absorber, pour finalement le conduire en vue de le contrôler pour l’utiliser (Shi Ban Gong Bei : pour moitié d’effort, résultat double).

L’utilisation du Qi peut être alors faite à l’appréciation de chacun, soit pour des massages, mais aussi pour l’acupuncture, la calligraphie ou tout simplement la cuisine.

Pour des auto-massages (Anmo), on peut par exemple partir des paumes (terre), se diriger vers les tranchants (métal), les bouts des doigts (eau), la saisie des paumes (bois) et enfin le dos des mains (feu), dans le but de concentrer l’énergie sur les mains afin de pratiquer ces auto-massages.

Les trois sources du Qi

Le Qi (le Souffle, la Vitalité) a trois sources.

Ces trois sources fournissent à notre corps le Qi Vital (Qi Ji)

La première source de vitalité nous est apportée par nos parents. On parle de Qi Inné (Yuan Qi). C’est en quelque sorte et très vulgairement notre patrimoine génétique. Un Yuan Qi fort permet déjà d’avoir un terrain propice à une bonne résistance aux maladies.

Yuan Qi ne peut pas être augmenté. Il va obligatoirement en diminuant au fur et à mesure que nous vieillissons. Par contre on peut aisément l’entretenir.

Ce Qi inné s’exprime dans ce que les chinois appellent le Réchauffeur Inférieur, qui se compose principalement de l’énergie manifestée dans les reins et le foie et dont le point d’acupuncture principal d’émanation est Ming Men (4eme point du vaisseau gouverneur – entre les épineuses des 2e et 3e vertèbres lombaires)

La seconde source de vitalité est en rapport direct avec notre alimentation. Le Qi Alimentaire (Gu Qi) s’exprime quand à lui dans ce que la médecine chinoise classique nomme le Réchauffeur Médian ou Moyen, qui concerne principalement l’Estomac et la Rate.

La troisième source, est, quant à elle, en rapport direct avec l’air que nous respirons. On parle de Qing Qi (énergie pure) ou Da Qi (grande énergie). Cette troisième source d’énergie directement apportée par l’air que nous respirons, alimente le Réchauffeur Supérieur, composé de l’énergie émanant des poumons et du cœur.

Ces trois sources énergétiques s’épanouissent donc dans trois régions du corps humain qu’en médecine chinoise on nomme les Trois Réchauffeurs, ou Trois Foyers ( San Jiao ).

D’un point de vue plus antique et plus ésotérique (du grec esôterikos « de l’intérieur »), ces trois foyers d’énergie peuvent être compris d’une manière plus profonde.

Le Réchauffeur Inférieur qui accueille l’énergie (l’impulsion de vie) que nous ont légué nos parents est lié dans les classiques taoïstes à la Terre.

Cette partie de notre être est le siège des activités physiques, l’origine des formes et des structures Yin nourricières (dont le sperme et l’ovule en sont les plus évidents exemples).

Le Réchauffeur Médian, qui accueille l’énergie des aliments est lié quant à lui à un niveau de compréhension que les chinois désignent communément par l’image de l’Homme ( le mot Ren en chinois que l’on traduit à tort par homme avec un grand H indique indifféremment l’homme et la femme et devrait plutôt se traduire par Etre Humain).

C’est le palais des activités sensorielles ou artistiques, donc l’origine profonde des énergies et des mouvements Yang.

Dans les classiques taoïstes (tout comme en médecine chinoise traditionnelle) ce palais médian est directement lié au Réchauffeur Supérieur, ou Palais céleste, car le palais de l’homme est également le siège de l’énergie nourricière (issue de la rate et de l’estomac) résultant de la transformation conjointe des aliments, des boissons mais aussi de l’air.

Le Palais Céleste (lié au Réchauffeur Supérieur) s’exprime principalement par le point Tiantu (22e point du vaisseau gouverneur – milieu du creux sus-sternal).

Dans la tradition antique des Daoyin Fa, Maître Georges Charles, de l’école San Yi Quan explique : « ce palais est communément appelé Hangong, ou Parvis Céleste. Etymologiquement c’est la place de la Porte de la Paix Céleste (Tian An Men), qui précède la Cité Impériale (Hang Cheng), la Ville Pourpre (Zijin Cheng) et le Palais Impérial (Gu Gong). C’est la place où l’homme regarde vers le ciel. Originellement cette place représentait le passage obligé du monde profane vers le monde du sacré, ou la transformation de l’émotif vers le spirituel. Comme l’histoire le démontre, il s’agit toujours d’un passage difficile, d’une porte étroite. C’est le siège du Principe Vital purifié s’élevant vers les plus hauts sommets. »

Chacun de ces réchauffeurs et des palais taoïstes qui y correspondent ont trois portes, trois niveaux d’ouvertures. Une porte haute, une porte moyenne et une porte basse. Il existe en outre trois portes de transition : le passage de la terre vers l’homme, de l’homme vers le ciel et la porte de retour du ciel vers l’homme et la terre.

 

L’exercice 12 de Kai Men She (ouvrir les douze portes) travaille donc sur tous ces principes précédemment décrits.

Il s’agit à travers cet exercice de procéder à une élévation successive au travers de la forme corporelle (Xing – liée à la Terre), de la respiration (Qi – liée à l’homme) et de la sensation (Ganjue – liée au ciel) dans les divers pavillons ou palais de ces trois centres d’énergies.

C’est un exercice globale du travail de l’énergie vitale ( Qi Ji ) qui englobe l’énergie des reins, du foie, de la rate, du cœur et des poumons.

Il est dit que le Qi acquis (celui que l’on développe par la nourriture et la respiration) va alimenter l’énergie du Qi Inné (celui des reins que l’on hérite de nos parents), mais pas « l’inné » du Qi Inné.

Travailler globalement sur ces trois palais (et donc sur les trois réchauffeurs qui y correspondent) permet donc d’entretenir le Qi Inné et de ralentir sa déperdition.



Ces trois réchauffeurs (San Jiao) accueillent six points d’acupuncture principaux, que la tradition des praticiens du Tao nomment les Six Dragons. Ces Six Dragons gardent Cinq Palais, cinq zones vitales liés à des sensations profondes que le jeu subtil de la respiration profonde (Tai Xi) et du mouvement permet de capter, d’amplifier et de potentialiser.

Pourquoi parle t-on de « réchauffeur » ?

Tout simplement parce que l’une des fonctions principales du Qi est le réchauffement. Le Qi a fondamentalement cinq fonctions :

  1. le réchauffement
  2. la propulsion : Qi et sang marchent ensemble. Quand le sang ralentit, le Qi aussi et inversement.
  3. la défense : c’est la fonction du Qi qui nous met en accord avec tout ce qu’il y a autour nous et nous prémunit des attaques extérieures (vent, froid, chaleur, etc.)
  4. l’homéostasie : fonction de régulatio et de rétention, en vue de contrôler (sueur, urine, etc.) et de maintenir (maintient des muscles, des organes, etc.)
  5. la transformation : la matière se transforme et devient une autre matière (la nourriture se transforme en sang ou en fèces, etc.)

Afin d’assurer convenablement ces diverses fonctions, le Qi doit être correctement alimenté (et doit donc avoir des réserves dans lesquelles puiser) et doit circuler correctement (et donc avoir des voies d’accès et de transport efficientes).

 

Les réserves du Qi sont nombreuses. Les plus importantes sont les organes et les viscères et aussi des canaux d’énergie particulier, que l’on appelle Méridiens Extraordinaires.

Ces Méridiens Extraordinaires ou Merveilleux Vaisseaux (Qi Jing Ba Mai) alimentent douze méridiens principaux (Shi Er Zheng Jing) qui relient entre eux viscères et organes.

Chaque organe va délivrer un Qi ayant une fonction, une qualité particulière. L’énergie délivré par ces organes, peut se trouver en excès ou en vide d’énergie.

Suivant une loi classique de la médecine chinoise connue sous le nom de « Loi des Cinq Eléments », mais plus justement et plus précisément sous le nom de « Loi des Cinq Mouvements », les énergies des organes et des viscères vont ainsi pouvoir s’équilibrer ou se déséquilibrer.

Nous ne rentrerons pas dans les théories fondamentales de la médecine chinoise traditionnelle.

La loi des Cinq Eléments n’est qu’une des théories de la médecine classique chinoise et pas forcément le plus importante. Elle a même été délaissée durant une longue période au profit d’autres théories de soins et de diagnostiques.

 

Elle nous permet juste de citer ici quels sont ces éléments et le lien fait avec les organes. C’est de cette théorie qui prend sa source dans les œuvres antique des praticiens du Tao tels que le Yi King ou le Traité de l’empereur Jaune, le Su Wen, que viennent par exemple Les Quatre Images (le phénix rouge, qui est rattaché au cœur, le dragon vert, au foie, le tigre blanc, aux poumons, et la tortue noire, aux reins).

 

Ces images et ces symboles permettent au pratiquant d’atteindre une énergie difficile à travailler. Cette énergie, le Shen, est la manifestation la plus élevée du Qi, car elle résulte de la transformation du Qi.

 

La tradition taoïste explique que le Jing (l’énergie de l’essence séminale contenue dans les reins et les os), par l’action du souffle se transforme en Qi, et que le Qi qui est travaillé, peaufiné, se transforme quand à lui en Shen (énergie spirituelle).

Les symboles et les images aident à fortifier ce Shen, qui grossièrement peut être assimilée à notre principe conscient, notre esprit.

Ainsi le travail sur les Six Dragons et les Cinq Palais permet comme il l’a été dit plus haut un éveil des sensations liés aux zones corporelles délimités par les Six Dragons.

q       De Hui Yin (réunion du Yin) à Qi Hai (mer de l’énergie) : ce palais est en rapport avec les sensations liées à la Terre. Hui Yin comme son nom l’indique, réunit le Yin, la matière, les formes (Xing). Qi Hai, Mer de l’energie et Hui Yin sont les points de contrôle de ce qui nous réunit à la terre, de ce  qui nous fait prendre conscience de notre corps dans sa globalité. Quand la respiration agit sur ce point et qu’on parvient à en avoir une écoute subtile, on peut ressentir le Mouvement Respiratoire Primaire (M.R.P), mouvement respiratoire crânio-sacré, décrit par les ostéopathes comme étant le mouvement respiratoire antérieur à la respiration normale, et s’arrêtant quelques temps après la mort.

Ces sensations organiques profondes sont généralement diffuses et fort mal localisées. Elles sont qualifiées de « coenesthésie », ne répondant à aucun organe en particulier, et sont le fait de corpuscules nerveux disséminés dans la profondeur de nos viscères. Cette sensibilité profonde nous renseigne habituellement sur l’état de nos muscles (sensation de fatigue), sur l’état de la circulation générale (sensation de faim ou de soif), sur l’état de nos nerfs, etc. L’ensemble de ces sensations constituent donc l’expression subtile de l’état de notre organisme et de son fonctionnement.

q       De Qi Hai à Zhong Ting (Palais central). Nous sommes là dans le palais des activités sensorielles ou artistique.

q       De Zhongting à Tiantu (Pénétrer le firmament) : Ce palais conditionne notre rapport au monde, dans l’optique de nous ouvrir à celui-ci, mais aussi de nous l’accaparer, de s’approprier l’extérieur. On peut y voir l’expression du désir, mais plus profondément, celle de la volonté.

q       De Tiantu à Yingtang (palais du silence) : ce palais définit par ces deux dragons s’appelle Ming Gong, c'est-à-dire Palais de la lumière. Ce stade est relié au Ciel et est symboliquement représenté comme un cercle ou une sphère exprimant la projection de la voûte crânienne vers le ciel. Dans la tradition taoïste du Ling Bao Ming, ce palais est le siège de l’esprit, de notre rapport aux autres dans la dimension du don, de l’ouverture de soi. Le désir accepté dans le palais précédant s’exprime dans ce palais en se redonnant, se redistribuant.

q       De Yingtang à Bai Hui (cent réunions) : le dernier palais s’exprime sur des sensations liées à notre perception de l’univers. Cette compréhension et le ressenti qui l’accompagne et qui nous accompagne tous les jours peut être en rapport avec une confession religieuse ou tout simplement un « certain point de vue sur la vie ».

q       Au-delà de Bai Hui, on entre dans le palais indéfini et informulé de « cet autre qui est après »… La sensation y est beaucoup plus ésotérique (intérieure) et aussi beaucoup plus difficile à décrire.

En conclusion…

Des exercices de basculement du corps à la respiration (re : relier, spir : l’esprit, axion : action) en position allongée l’exercice de l’ouverture des portes de la pratique (Kai Men She) nous offre un tour d’horizon complet des pratiques du Tao.

« De tout temps, ceux pratiquent le Tao sont (…) » Lao tseu, chapitre 15.

Kai Men She est une pratique globale, permettant de travailler de la périphérie vers le centre, de la position debout à la position allongée, du travail de la structure (Xing) au travail de l'esprit (Shen) en passant bien évidemment par le travail de la vitalité, le Qi.

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