dimanche 29 décembre 2019

Shen Gong Wu Wei : la méditation taoïste

La méditation taoïste à travers le Shen Gong Wu Wei 


Introduction

Avant toute chose, je précise que je ne suis ni élève ni maître. 
Au risque de faire grincer des dents, je ne détiens aucun diplôme en méditation taoïste.

Ce qui me confère une légitimité pleine et entière pour présenter cet article, c'est que je suis avant tout un pratiquant.
Je pratique depuis 31 ans. 
J'ai étudié une première méthode de méditation d'obédience bouddhiste et taoïste en 1988 (méthode Xuât Hôn), puis j'ai découvert les pratiques d'une école taoïste en 1999 (Lingbaoming xiaodan pai : école de la petite réalisation du joyau sacré). J'ai étudié la médecine chinoise traditionnelle pendant trois ans (académie Wang de MTC), le Reiki (méthode Usui) et les méthodes Shinto à l'origine du Reiki.

Ce qui confirme ma légitimité à présenter cette méthode de méditation, c'est que justement, je ne suis pas isolé dans une montagne ou dans un temple.
Je mène une vie active ; j'ai une vie sociale, familiale, sportive, associative, professionnelle... et surtout, je pratique !

Plusieurs choses m'ont décidées à rédiger cette présentation de ces arts si mal connus.

1. Je peux lire sur Internet beaucoup de choses fausses sur la méditation taoïste. Qu'il faut apprendre à faire le vide en soi, par exemple. Or, on ne fait pas le vide en soi. Notre cerveau génère 60 000 à 80 000 pensées par jour ! Ce serait présomptueux d'y faire le vide... A moins d'être rattaché à des tuyaux et de baver en se déféquant dessus, ça me parait toujours bizarre de vouloir faire le vide dans ce qui nous sert à penser, ressentir, analyser, rêver, construire des projets, etc.
J'ai pu lire aussi que la méditation taoïste doit nous aider à abandonner notre ancienne vie, à nous purifier ! Comme si la vie était impure... C'est mal comprendre les grands penseurs taoïstes et le Tao en lui-même !

2. J'ai découvert ces arts alors que j'étais encore jeune. Encore trop jeune peut être... J'ai eu la chance de découvrir ces arts avec un enseignant qui se comportait comme un véritable maître de secte. Cela a été une grande chance, vraiment ! Parce que maintenant je ne me fais plus avoir.
La méditation taoïste ne traite pas de la fin du monde. Ni n'interdit d'avoir une vie sexuelle. Ni n'interdit rien du tout d'ailleurs. C'est une pratique... qui se pratique. 
Personne n'a à vous dire comment vivre votre vie, ou comment la refréner. Pratiquez avec discernement, peut être avec un peu de retenue lorsque vous débutez... Mais surtout, cherchez à comprendre ! Ne vous contentez pas d'une explication, aussi merveilleuse qu'elle puisse être, surtout si elle flatte votre égo. Lisez, cultivez vous, n'ayez pas peur de contredire et laissez vos préjugés derrière vous !
La méditation taoïste n'a pas pour objectif de faire de nous des supers humains. Elle est juste là pour nous montrer combien être humain est super ! Qu'il nous faut vivre cette vie à 100 %... Pas à moitié ! Et qu'est ce que vivre une vie d'être humain à 100 % ? C'est vivre cette vie en pleine conscience et en pleine présence ! Et c'est tout à fait ce que propose la méditation des praticiens du Tao.

3. Ces arts anciens ne se marchandent pas. La pluie et le soleil sont pour tous les êtres humains. La vie est pour le vivant. La vie est un processus autodidacte : on l'apprend en la vivant ! Personne n'a le droit de revendiquer le fait qu'il faille payer pour étudier la méditation. Pour ma part je transmets ce que j'ai appris gratuitement, car c'est tout aussi gratuitement que je l'ai reçu.

Bonne découverte à vous ! 

Les éléments théoriques


Shen Gong Wu Wei peut se traduire par "Travail de l'Esprit par le Non Agir".

Il s'agit d'une pratique taoïste en position assise de travail dit intérieur ou interne (Nei Gong).
A l'instar du Qi Gong, qui propose de faire circuler harmonieusement le Qi (l'énergie) dans le corps, le Shen Gong (litt. : travail de l'esprit), propose de faire circuler harmonieusement l'énergie de l'esprit, le Shen.

Le Non Agir, indique un état qui contient toute la potentialité d'action, comme Wuji, le Sans Forme, indique une potentialité d'émanation de toutes les formes. A l'image du tir à l'arc, une fois que l'on a positionné la flèche, qu'on a bandé l'arc, qu'on a visé la cible et maintenu la tension de la corde, il convient de faire la chose la plus essentielle du tir à l'arc, c'est à dire libérer la tension de la corde et libérer la flèche.
Cette libération permet à l'archer d'exprimer sa maîtrise. Il ne fait plus rien, pourtant cette action de non-agir contient la somme de tous ses efforts et de toute son attention.


La pratique de la méditation taoïste consiste à unir l'essence (Jing), le souffle (Qi), l'intention (Yi) et l'esprit (Shen) au sein d'une fusion interne (Nei Lian : purifier par le feu, affiner un métal, épurer, raffiner) afin de produire un changement, une transformation (Hua).



Ce travail renvoie pleinement au travail dit "d'alchimie intérieure" (Nei Dan) afin d'aboutir à "la clarté du Joyau Magique" (Lingbaoming).

Le travail est intérieur, donc, et il est question ici de produire un cristal (Bao), un joyau et d'en révéler la clarté (Ming). La lumière pénètre de l'intérieur et se diffuse vers l'extérieur. Elle émane de l'intérieur de l'être et clarifie sa conscience...

"Qui sait sans agir clarifier l'obscur ? 
Et en agissant rester impassible ?" Lao Tseu - Tao Te Ching, chapitre 15.

La méditation taoïste est une action au centre de soi (médius axio - agir au centre) qui rend vivant les préceptes du Tao. Il y a donc d'un côté l'assise spirituelle et de l'autre les activités du quotidien. Assise et activités quotidiennes se rejoignent dans un même état d'esprit. L'un et l'autre s'épaulent et se renforcent mutuellement.

"Ainsi, le Sage, en son intérieur, soigne sa racine,
Mais à l'extérieur n'embellit pas l'extrémité de la tige ;
Il conserve ses essences et ses esprits,
Écartant de lui l'habileté et les opportunismes.
Retiré en lui-même, il se refuse à agir
Et il n'est rien qui ne se fasse ;
Indifférent, il est là sans gouverner
Et tout se trouve gouverné.

Ce que j'appelle "ne pas agir",
C'est ne pas devancer le mouvement des êtres ;
Ce que j'appelle "rien qui ne se fasse",
C'est que l'agir s'appuie sur le mouvement des êtres ;
Ce que j'appelle "sans gouverner",
C'est que le naturel ne soit pas altéré ;
Ce que j'appelle "tout se trouve gouverné",
C'est s'appuyer sur l'affinité mutuelle des êtres."
Les grands traités du Huainan Zi


Le savoir faire de cette réalisation méditative vise à permettre à l'esprit du pratiquant de transformer ce qui est lourd, sombre et grossier en ce "cristal-esprit" (Bao) qui est clair, subtil, lumineux et harmonieux.
Le cristal-esprit est l'outil qui permet alors au pratiquant d'y faire pénétrer sa lumière intérieure afin d'élargir le spectre de sa conscience, comme un prisme le fait avec la lumière, et de transformer cette lumière et son esprit en quelque chose de plus vaste, de plus riche, de plus subtil et diversifié.

"La pensée de l'homme du commun qui n'a pas encore agrandi son esprit est enfermée dans les limites étroites de l'entendre et du voir" Zhang Zai (1020 - 1078)

Les traités taoïstes exposent le processus d'utilisation du souffle pour transformer ainsi son être intérieure et sublimer sa conscience en une conscience plus vaste, plus présente, plus lumineuse, plus subtile. "Tout corps participant à une action cyclique prolongée et répétée, se transforme en se purifiant"

Il convient de libérer l'esprit afin de mobiliser l'intention et d'éveiller la sensation.

Libérer l'esprit c'est parvenir à ne plus être écrasé ou ballotté en tous sens par les flots impétueux des pensées qui vagabondent dans toutes les directions. C'est arriver à regarder ses pensées, à en être pleinement conscient, à observer comment elles s'organisent entre elles pour créer des formes illusoires, et prendre conscience que ces formes s'alimentent de ce qui est négatif, anxiogène et déprimant.
Libérer l'esprit, c'est forger le cristal-esprit pour qu'il dirige la lumière de la conscience sur nos pensées et qu'il nous permette de comprendre pourquoi nous créons toutes ces pensées et pourquoi elles deviennent pour nous comme des réalités tangibles.

La méditation taoïste propose avant toute chose de s'ancrer dans une action cyclique (Zhou Dong) par le biais de la respiration afin d'arriver à une transmutation (Hua).
Diverses méthodes de respirations cycliques seront développées par les praticiens du Tao.



Le Shen Gong Wu Wei met à disposition du pratiquant trois types de respiration, qui sont toutes trois des respirations cycliques sans rétention de souffle. La respiration est à chaque fois plénière, c'est à dire qu'elle mobilise les Trois Foyers (le foyer inférieur - l'abdomen - , le foyer médian - la poitrine - et le foyer supérieur - la tête). 

Le Qi, ainsi conduit par la respiration, franchit successivement les "étages énergétiques" décrits par les taoïstes sous les noms de Champ de Cinabre Inférieur (Xiabu Tantien), Champ de Cinabre Médian (Zhongbu Tantien) au niveau de Qiangong (coeur) et le Champ de Cinabre Supérieur (Shangbu Tantien), de manière à atteindre le Niwangong situé au centre de Mingtang (au centre du crâne).

Niwan n'est autre (à l'instar de Dhyâna pour le Zen) que la prononciation chinoise du terme indien Nirvâna.
Ce terme se traduit littéralement par "extinction", terme que l'on retrouve aussi dans le 36eme hexagramme du Yi King, Ming Yi, l'obscurcissement de la lumière.
C'est la lumière parvenue à son achèvement.
C'est, suivant le Ricci "l'obscurcissement, moment où ce qui est lumineux se voile en pénétrant dans l'obscur mais y exerce son influence".



Cette extinction diffère donc totalement du néant ou du vide, qui pourrait justifier une inaction.
Méditer, comme nous l'avons déjà précisé, étymologiquement, c'est agir au centre. Comme la méditation se trouve au cœur de l'action, l'extinction du Niwan se trouve au cœur de la conscience et permet de purifier cette conscience jusqu'à sa fusion dans l'univers ou le cosmos, donc dans le Tao.

Purifier n'est pas à entendre ici avec une notion de bien ou de mal, et à opposer donc avec un esprit qui serait impur, comme salit par un quelconque péché.
La purification recherchée est bien celle que recherche le joaillier en taillant une pierre précieuse pour la sublimer.

C'est, comme le proposait le Maître Morihei Ueshiba "faire de sa conscience le cœur de l'univers". De ce fait, Xinshen (coeur esprit), la conscience, et Niwan (le Nirvâna) sont les deux aspects d'un seul et même état de réalisation.

La pratique

La pratique du Shen Gong Wu Wei se compose :

1. d'un exercice de préparation mentale pour diriger son esprit vers les principes de lucidité et sérénité, de compassion et d'altruisme et de joie enthousiaste. C'est un exercice d'apaisement de l'esprit pour stimuler des pensées positives afin de favoriser une métacognition. On utilise des mantras, des formulations sonores qui restent mentales et qui permettent d'installer l'esprit dans l'état méditatif, propice à l'attention nécessaire sur les pensées en général.
L'un des mantra utilisé fait référence par exemple à "La Grande Lumière de l'Esprit" pour le principe de sérénité/lucidité ou un autre à "La Grande Vertu de Compassion envers tous les Êtres".

2. d'un exercice d'acupression nommé : "contempler son esprit comme dans un miroir". Il va stimuler l'axe entre les conduits auditifs (porte des vents dans la terminologie taoïste) et les canthus (commissures des paupières) ainsi qu'un point d'acupuncture hors méridien nommé Tai Yang (Grand Yang). 
L'objectif de cet exercice est de mobiliser le Qi pour "faire surgir la lumière afin de se mirer comme dans un miroir", et donc de mobiliser l'énergie sur le point d'acupuncture hors méridien inter sourcilière Yin Tang, et sur le point d'acupuncture Baihui.




Les points d'acupuncture ici sollicités racontent une histoire : Tai Yang, c'est le Grand Yang, la grande luminosité. Tai a même un sens plus puissant que grand ; on peut dire de Tai Yang que c'est la Lumière plus grande que grande.
Tai Yang, c'est aussi l'origine du Yang qui va devenir le Ciel et incarner la lumière céleste.

Le point Yin Tang a de nombreuses traductions : cavité originelle de l'esprit, œil du ciel, palais de la vie, palais de l'esprit, palais du Niwan, étang du lotus supérieur.

Baihui, c'est les 100 réunions, c'est le point d'acupuncture le plus haut du corps humain, au sommet du crâne, et on l'appelle aussi dans le Lotus Céleste, ou le Lotus aux 1000 pétales.

La grande lumière portée sur le palais de l'esprit permet d'éclairer l'étang du lotus supérieur afin de permettre l'épanouissement du lotus aux 1000 pétales et l'ouverture de la conscience. Cette ouverture de la conscience, cette clarté révélée à l'intérieur de l'être, illumine Yin Tang, le point d'acupuncture entre les sourcils.

Ce point correspond bien évidemment au " troisième oeïl " des pratiques indo-tibétaines.

Dans les formes japonaises du Shinto (voie des Esprits), il s'agit de Iwato Biraki ou "ouverture de la porte du rocher".

Le Kojiki (Chronique des anciens Dits) explique que la déesse du soleil, Amateratsu Omikami, en colère contre son frère Susano No Mikoto qu'elle juge trop violent, se réfugie dans une grotte, plongeant ainsi le monde dans l'obscurité. 
Les autres divinités utilisèrent un stratagème magique qui consista à danser et à chanter, comme l'explique le caractère chinois Ling (Ric. 3187), qui se dit Reiki en japonais, puis à présenter un miroir devant la grotte.
La déesse, intriguée, entrouvrit "la porte du rocher", se vit dans le miroir et sortit afin de savoir qu'elle était cette lumière.
Le ciel et la terre furent à nouveau éclairé.

Cet exercice d'acupression et de concentration est une première étape importante du Shen Gong Wu Wei, car il permet selon la tradition de fortifier l'énergie vitale du pratiquant tout en clarifiant l'esprit, d'agir sur la glande pituitaire et de favoriser le travail énergétique thérapeutique des points nommés ci-dessus.

Guidant la Grande Lumière (Tai Yang) vers l'étang du Lotus Supérieur (Yin Tang), il fait se réunir au sommet du crâne les trois énergies (Jing, Qi et Shen) et permet l'ouverture du Lotus aux 1000 pétales (Bai Hui).

3. des méthodes de respirations cycliques, trois au total : l'une se focalise sur un axe "sommet du crâne - zone lombaire" afin d'apprendre à solliciter la respiration abdominale. Sur l'inspire, on gonfle le ventre, et sur l'expire on mobilise le corps dans sa globalité.

La seconde forme de respiration est une respiration qui sollicite l'abdomen et la poitrine avec un prolongement de la sensation d'inspire et d'expire jusqu'au sommet du crâne.

La troisième forme de respiration est une respiration dite de plénitude de l'énergie, où l'on respire (inspire et expire) avec la globalité de son corps.

4. d'un exercice de contemplation : l'objectif ici est de clarifier l'esprit afin de réaliser la Pure Clarté (Qing Ming) pour permettre l'émanation de l'Harmonie Suprême (Tai He).
Le pratiquant s'installe patiemment dans le silence afin de travailler sa respiration (Huxi) afin de transformer (Hua) le vulgaire en subtile et de faire émerger une conscience vaste et sereine, capable d'embrasser le Tao.
C'est une cheminement long, un travail de pleine conscience et de pleine présence.

5. d'exercices d'automassages et de gymnastique de santé (Qi Gong) pour quitter l'assise et reprendre ses activités, mais aussi pour entretenir la bonne santé afin de mieux pratiquer l'assise.


"Seul l'illuminé sait que la compréhension mène à l'unité, aussi rejette t-il ses préjugés pour s'attacher à la juste mesure. 
La juste mesure permet la pratique, la pratique amène un résultat, le résultat représente le succès. 
Parvenir au succès est proche du Tao. 
Il faut affirmer les faits."
Tchouang Seu - II - La réduction ontologique.






samedi 28 décembre 2019

La méditation comme voie d'édification du bonheur



Méditation...

L'étymologie latine commune de méditation est méditari, qui signifie "préparation (à un discours, à écrire)" / "réflexion profonde".
Il est intéressant néanmoins de regarder la combinaison toujours latine de ce mot, à partir de son radical et de son suffixe : médio stare, pour méditer, soit se tenir (stare) au centre (médio) ; médius axio, pour méditation, soit dans ce cas agir au centre.

Lorsque les premiers prêtres jésuites missionnaires entrèrent en contact avec l'Inde, la Chine ou le Japon, ils ne choisirent pas au hasard de traduire par exemple le mot sanskrit Dhyana par méditation, car étymologiquement Dhyana (qui désigne l'ensemble des pratiques méditatives immobiles) signifie justement aussi "agir au centre".

Cette action au centre de soi, ou se tenir au centre de soi, permet de relier son esprit à ses actions, et donc de prendre conscience de l'action de son esprit à l'intérieur de soi, mais aussi de cette action à l'extérieur de soi.

Or, relier son esprit à l'action, c'est bien le sens étymologique de la respiration (re spir axio - relier l'esprit à l'action). Et la respiration est bien la combinaison de l'inspiration (l'action de l'esprit à l'intérieur - ins spir axio) et de l'expiration (l'action de l'esprit à l'extérieur - ex spir axio).

On voit bien là, au delà des cultures, des peuples et des pensées, une unité humaine qui témoigne de sa sagesse : respirer favorise une action au centre de son être et méditer (agir au centre de soi, ou se tenir au centre de soi) prend comme outil de travail la respiration.

Cela permet une culture mentale, un Bhavana, si on le dit en sanskrit et que l'on fait référence à l'hindouisme ou au bouddhisme.
Cette culture mentale a pour objectif de permettre au pratiquant d'atteindre un état de quiétude, de paix intérieur, nommé Samatha.
Les exercices permettant spécifiquement cette culture mentale en vue d'atteindre cet état de quiétude s'appellent des Vipassana (litt. exercices de la vision juste ou de la juste vision des choses).

Pourquoi parle t-on aujourd'hui tant de pleine conscience ? 
C'est tout simplement parce que dans le bouddhisme, le texte fondateur ou le discours du bouddha historique qui traite de cette culture mentale favorisant la quiétude s'appelle le discours pour l'établissement de la pleine conscience : Satipattahna Sutta.

L'attention (Sati) ou le Pleine Conscience y est étudiée et détaillée sous quatre aspects distincts : 
- L'attention ou la Pleine Conscience relative au corps, avec notamment le travail de la respiration
- La pleine conscience relative aux sensations
- à l'esprit
- et enfin aux formations mentales.

Alors que notre monde moderne contemporain est tellement enclin à permettre aux êtres humains de cultiver leur "bien-être", la méditation nous renvoie à l'art de cultiver notre être pour qu'il soit bien. 

Bien être... Être bien... Il s'agit ici d'apprendre à différencier le plaisir et le bonheur, l'éphémère et le permanent.

Miser sur le fait que le bonheur est une somme de plaisirs, c'est inévitablement alimenter un cercle vicieux au travers duquel chaque plaisir prenant fin, commencera alors une quête de nouveaux plaisirs, avec une surenchère évidente d'ivresse, d'intensité... 

Il convient dans cette conception du "bien-être" de pouvoir avoir sa séance de massage hebdomadaire, sa télé 4k, ses abonnements à divers services de streaming, ses repas au restaurant, sa séance mensuelle de ciné, sa musique à la demande, sa maison avec l'entrée bitumée pour ne pas salir les roues de son SUV, etc, etc... Avoir, avoir, avoir... pour exister !

Ce qui est antinomique ! Avoir pour exister... Là encore, intéressons nous à l’étymologie latine du mot existence : Ex Sistere, sortir de, se manifester à...
Serait ce donc par la somme de nos possessions, de nos avoirs, que nous pouvons nous manifester aux autres ? 
Puisque nous parlons bien là encore d'un mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur, qu'avons nous réellement à offrir, à manifester au reste du monde, si ce n'est ce qui s'est édifié à l'intérieur de nous ? 

Nous sommes une somme d'expériences, de mémoires additionnelles, physiques, intellectuelles, émotionnelles, psychiques... N'est ce pas par la somme de nos vertus, de notre capacité à la bienfaisance et à la bienveillance, par la somme de nos états d'être bienveillants, que nous nous manifestons le plus agréablement aux autres ?

Nous pouvons faire le choix de vivre dans la colère, l'agacement, la jalousie, l'estime de soi, la convoitise... Mais quel étrange bonheur construisons nous là ? 

Être bien, structurer en soi sa capacité au bonheur nécessite une force d'esprit, une volonté, une rectitude, une discipline qui ne peut se faire que par la culture de notre esprit. Il n'y a aucun entrainement spécifique à mener pour être agressif, jaloux ou énervé. Par contre, il y a un entrainement évident à mettre en place pour maintenir en soi une paix intérieure et un esprit altruiste et aimant.

Lorsque nous sommes sous l'empire de nos pulsions et de nos compulsions, notre bien-être se constitue de la somme de nos plaisirs. L'Autre peut devenir un empêcheur de tourner en rond, il peut limiter le temps de nos plaisirs, il peut menacer nos plaisirs, il peut demander à les partager.

Pratiquer la culture mentale permet de sortir justement de cette domination de notre être par nos pulsions et compulsions. On peut apprécier un bon repas, un délicieux vin, mais ce repas sera gâché si nous le partageons qu'avec des personnes que nous n'apprécions pas.
A l'inverse, un simple paquet de chips et une tranche de jambon sera un festin si nous les partageons avec nos amis ou notre famille.

Le plaisir est impermanent, éphémère et capricieux.
Je ne peux pas faire reposer mon bonheur sur des possessions. Ma voiture, ma maison, ma montre qui coûte trois fois le salaire d'un ouvrier, mes habits que j'achète de façon compulsive, etc., tout cela peut être important dans ma vie, mais toutes ces choses extérieures sont impermanentes.
Si mon bonheur ne tient que sur ce qui est à l'extérieur de moi, alors lorsque cet extérieur change, se dégrade ou disparaît, mon bonheur devient fragile ; lui aussi change, se dégrade ou disparaît.

Le bonheur est à l'opposé de cela, et n'exclut pas la notion de plaisir, mais n'en n'est pas dépendant. Un événement douloureux pourra nous plonger dans une profonde tristesse, sans toutefois remettre en question le sens de notre existence et notre bonheur.

Dans le bouddhisme, le bonheur résulte de l'empathie, de la bienveillance, de l'altruisme, de la compassion et de l'amour. La méditation permet d'appréhender en soi l'influence des événements de la vie sur notre mentale afin de développer notre capacité à la résistance, voir à la résilience, en tout cas à l'adaptation !

Le stress, cette maladie de notre monde moderne, se définit de la façon suivante :

"Agression de l'organisme par un agent physique, psychique ou émotionnelle entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d'adaptation" Docteur Hans Selye - 1936 - université de médecine de Montréal, Canada.

Le mal être résulte de cette incapacité à l'adaptabilité. 
Plus notre égo est débordant, impérieux et exigeant, moins on s'adapte. 
Hors l'égo n'est pas l'être... et le plaisir n'est pas le bonheur !

Il s'agit de pouvoir retrouver notre présence au centre de nous même, remettre de la conscience dans nos pensées, comprendre que nous créons en nous des agrégats de pensées, qui prennent forme, qui prennent vie, et que nous pouvons donner naissance en nous à des petits monstres intérieurs d'égoïsme, de colère, de suffisance, de condescendance, de jalousie, de mesquinerie, de rumination intellectuelle, ... et que ces "monstres-pensées" peuvent prendre toute la place de notre raisonnement, confinant notre conscience et notre capacité au bonheur dans une zone d'ombre alors inatteignable. 


Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse, mais fais à autrui ce que tu aimerais qu’il te fasse, ceci sans s’opposer à son intention » (Li Ji) « Livre des Rites » - Confucius


Perdu en mer, un homme ne distingue plus l'Est de l'Ouest ;
Mais il lui suffit de trouver l'étoile Polaire pour se repérer.
La nature de l'homme est son étoile polaire :
Qu'il se considère lui-même
Et il ne perdra rien des dispositions propres des êtres ;
Sans ce regard sur soi,
Au moindre choc, il est profondément perturbé.
C'est comme de se baigner à Longxi :
Plus on s'agite, plus on s'enfonce.      Traité du prince de Huainan












dimanche 1 décembre 2019

Du Qi Gong à Grand Champ, dans le Morbihan

J'avais eu l'opportunité d'animer des cours de Qi Gong sur Grand Champ en 2016 / 2017, mais à cause de créneaux horaires défavorables, je fus contraint d'arrêter ces cours.

La mairie a développé de nouvelles salles, et je peux donc profiter d'un créneau beaucoup plus favorable, à savoir le jeudi soir, de 19h30 à 20h30, toujours à Grand Champ (56).

Les cours commenceront le jeudi 16 janvier 2020.

Au programme

Kai Men Shi : travail d'ouverture des Portes de la Pratique

Tai Su Qi Gong : travail énergétique du Grand Flux

Exercice énergétique de la grande tonification organique

Exercices des Yi Yin Fa (techniques de pré-nutrition de l'Interne)

Les Huit Pièces de Brocard 

Le jeu des Cinq Animaux

...

Si vous souhaitez plus d'informations, vous pouvez me joindre au 06.63.87.95.12 ou par mail : contact@emteo.org




vendredi 29 novembre 2019

Exercice du Tai Su Daoyin Fa Qi Gong (Qi Gong du Grand Flux)


Exercice Douze Portes Treize Postures et début du Grand Flux (Tai Su)


Les bienfaits du Qi Gong

Cet article est la retranscription d'une partie d'un stage de Qi Gong que j'ai animé faisant suite à une question posée par l'une des stagiaires, à savoir donc : "pouvez vous nous dire quels sont les bienfaits du Qi Gong ?"

Lorsque j'ai commencé à étudier la médecine chinoise traditionnelle, mon enseignante de MTC, Mme Wang De Feng, présentait cette médecine d'une façon très chinoise, donc très pragmatique.
Elle nous disait qu'avant d'aller chercher des explications compliquées dans des théories très subtiles, il fallait tout d'abord commencer par chercher des éléments de compréhension simples, dans les théories les plus simples elles aussi.
Par exemple, si quelqu'un souffre d'une lombalgie, avant d'aller chercher un déséquilibre du Yin des reins ou un dysfonctionnement de l'énergie du ciel antérieur, il faut tout d'abord lui demander si il a fait des radios qui dévoileraient peut être dans un premier temps une arthrose sur les vertèbres dans cette zone, arthrose qui pourrait être à l'origine de l'inflammation d'un nerf.

On peut avoir ce même niveau de lecture pour le Qi Gong... Avant d'aller chercher des éléments de réponses complexes voir farfelues, partons tout d'abord du plus simple pour nous acheminer tout doucement vers le plus compliqué.

Je précise que je ne suis ni médecin, ni ostéopathe, ni psychiatre, ni chercheur en neurosciences... je pratique, et en tant que pratiquant, j'ai cherché à comprendre pour moi tout d'abord, puis pour les personnes qui pratiquent avec moi ensuite, pourquoi "ça me fait du bien"...

J'ai observé et analysé ma propre pratique afin, dans un premier temps, de distinguer vraiment ce qui me faisait du bien, pour essayer ensuite de comprendre "comment ça marche".

L'évolution de la médecine, de la psychologie cognitive, des neurosciences, de l'imagerie médicale, mais aussi des sciences du sport ont permis de confirmer que les bienfaits ressentis du Qi Gong, du Tai Ji Quan ou du Yoga pouvaient s'expliquer et se comprendre, et qu'ils ne relevaient ni de la magie ni d'un ésotérisme alimenté principalement avec des "il faut croire" ou "il ne faut pas chercher à comprendre".

Il n'y a rien ni de merveilleux ni d'extraordinaire dans le fait que de s'exercer à une discipline qui favorise une prise de conscience corporelle fine par des mouvements lents et conscients et un travail respiratoire, permet de ressentir un mieux-être ou du bien-être.

On sait maintenant, pour l'avoir analysé, décortiqué, observé, mesuré, etc. que le Qi Gong permet :

1. L'entretien de la souplesse articulaire.

C'est le plus évident ! Les mouvements lents et précis du Qi Gong agissent sur les poignets, les coudes, les genoux, les doigts, le bassin, la colonne vertébrale, le cou, les omoplates, etc.
Tout le corps est sollicité et chaque structure articulaire profite ainsi d'une sollicitation et ensuite d'un relâchement.
Ployer et déployer les genoux, enrouler et dérouler la colonne vertébrale, passer le bassin en postéroposition et antéroposition, exécuter des cercles avec les mains, transférer le poids du corps latéralement et d'avant en arrière, etc.... Tous les exercices engagent le corps dans une grande mobilisation générale.

2. La mobilisation des muscles profonds.

Les muscles profonds par exemple, le psoas et l’iliaque, l’ilio dorsal, le long dorsal, les intervertébraux et le sus épineux sont particulièrement sollicités dans les activités physiques qui demandent des ajustements fins. 
Très proches des articulations, ils sont peu volumineux. 
Leurs fibres sont du type I lentes. 
Leur fonction cybernétique est rendue possible grâce à leur grand nombre de récepteurs neuromusculaires. Les muscles profonds sont responsables de l’ajustement tonique et jouent un rôle important dans la stabilisation articulaire. 
Leurs trois caractéristiques sont qu'ils sont peu volontaires, très endurants, qu'ils s’atrophient en premier.

Ces spécificités conduisent à penser leur renforcement et leur étirement de façon radicalement différente de celle des muscles superficiels. 
Les muscles profonds jouent un rôle déterminant dans la maîtrise des mouvements et le maintien des postures. L’un des premiers objectifs du Qi Gong est justement de corriger la posture et donc d’engager le travail des muscles profonds.

L'exercice par exemple de la posture de l'arbre (Zhang Zhuang) est un exercice qui va solliciter efficacement les muscles profonds.
Les corrections apportées par la posture favorisent, grâce à l'entretien de la tonicité des muscles profonds, la proprioception.

La proprioception (du latin proprius - propre à - et recipere - recevoir -) désigne notre capacité à connaître la position de notre corps dans l’espace.
Elle rassemble trois propriétés :
- la sensibilité à la position (statesthésie) qui nous informe continuellement des positions de chaque articulation grâce à des récepteurs situés autour des articulations, dans les muscles et la peau.
- la sensibilité aux mouvements (kinesthésie) : à la fois à la vitesse, à l’amplitude et à la direction.
- la sensibilité à la force.

La proprioception est de deux types :

- inconsciente : elle intervient dans le maintien de la station debout et dans les ajustements posturaux grâce à la mise en jeu de voies réflexes médullaires et permet des ajustements rapides.

- consciente : elle repose sur le traitement cortical des informations donc elle est volontaire.

Le travail en proprioceptivité agit sur plusieurs plans :

- il exerce les différents mécanismes réflexes et crée des automatismes protecteurs
- il renforce les muscles périarticulaires
- il construit le schéma postural physiologique.

C’est la neuroplasticité - c’est-à-dire la réorganisation des réseaux neuronaux corticospinaux - qui constitue le substrat physiologique de la rééducation proprioceptive.
Des travaux en neurosciences (travaux de Stefan et al. en 2004 notamment ) ont prouvé le rôle prépondérant de l’attention proprioceptive dans l’induction de la plasticité neuronale.

Favoriser le travail postural, sollicite les muscles profonds. Cette mobilisation des muscles profonds renforce notre proprioception, qui va envoyer à notre cerveau des schémas physiologiques plus précis, qui à leur tour vont favoriser une meilleure plasticité neuronale et donc prévenir les altérations du vieillissement cérébral en favorisant aussi ainsi l'entretien de nos schémas neuronaux. 

3. Le massage du diaphragme

La respiration, lorsqu'elle est amplifiée et consciente, agit de façon active sur une cloison essentielle de notre corps : le diaphragme thoracique.

Notre diaphragme est un muscle fin et aplati qui sépare la cage thoracique de l’abdomen. Il laisse toutefois un passage à l’œsophage, à la trachée, aux nerfs, aux artères et veines (dont l’aorte) ainsi qu’aux vaisseaux lymphatiques.


Lors de l’inspiration, les fibres musculaires du diaphragme se raccourcissent en se contractant et entraînent le centre du diaphragme vers le bas.

Pour cela il faut lutter contre la pression abdominale et pousser le foie, l’estomac et les autres organes vers le bas. Le muscle transverse de l’abdomen (ventre et bas-ventre) se détend.

L’abaissement du diaphragme crée une dépression (vide) dans les poumons qui aspire alors l’air extérieur.

Lors de l’expiration, les muscles du diaphragme se détendent et s’allongent grâce à la pression abdominale et l’action du muscle transverse qui se retend (abdomen).

Les organes de l’abdomen remontent et reprennent leurs places en poussant le centre du diaphragme vers le haut.

On constate donc qu’à chaque mouvement du diaphragme, les organes sont massés. Ce massage continu de tout le système digestif favorise notamment une bonne digestion et un bon drainage des fluides.

On peut donc affirmer qu’une crispation ou tension du diaphragme va avoir une incidence directe sur ce transit et le bon fonctionnement de ceux qui empruntent cette voie.

C’est le cas, par exemple, avec le système nerveux sympathique qui active l’organisme en cas de stress (élévation de la fréquence cardiaque, du rythme respiratoire, dilatation des pupilles…) ou avec le système nerveux parasympathique qui lui au contraire calme l’organisme (baisse de la fréquence cardiaque, du rythme respiratoire, rétractation des pupilles…) et le ramène à l’équilibre (homéostasie).


La respiration est d’ailleurs capable d’agir sur ce dernier et engendrer calme et retour à l’équilibre. Par contre, si la tension est telle et que le système nerveux est « coincé », il peut alors être à l’origine de désagréments comme une augmentation du rythme cardiaque ou une dilatation des pupilles (éblouissement) sans raisons concrètes pour nous. 
En cas de stress et donc de tension du diaphragme avec compression du système nerveux, l’organisme peut donc avoir du mal à maintenir son équilibre.


Il possède également des rôles un peu moins connus, mais tout aussi essentiels :

  • Il régule l’équilibre acido-basique par élimination du CO2 et des déchets dégradés et expulsés par les poumons.
  • Il a un rôle important dans le brassage viscéral : il améliore la digestion.
  • Il masse le cœur et régule la fréquence respiratoire et cardiaque via le système nerveux parasympathique.
  • S’il est en tension, il peut donner des tensions dans le cou et les trapèzes de par son innervation (c3c4c5).
  • Il a un rôle dans la régulation posturale (la proprioception vue plus haut).


Respirer de façon consciente va donc permettre d'amplifier le mouvement du diaphragme et d'effectuer un auto-massage porteur de multiples bienfaits : favoriser l'élimination du CO2, améliorer la digestion, libérer les tensions, évacuer les émotions négatives qui entravent la respiration, etc.  

4. Le massage de notre cerveau

Je dis cela avec un peu d'humour, mais pourtant, c'est vrai. 
Les immenses progrès qu'ont fait les neurosciences permettent aujourd'hui de confirmer le rôle important sur le cerveau du travail respiratoire conscient et des mouvements lents du Qi Gong.

Les balancements lents de certains exercices permettent de relâcher les tensions des membranes protectrices du cerveau. Il y a donc une action physique possible, mais aussi une action électro-chimique.

La détente et la relaxation que permettent la respiration conscientisée, favorisent la production de sérotonine, et permettent une modification de l'activité électrique du cerveau, en développant des ondes alpha et têta, favorables à l'évacuation des émotions et pensées stressantes.

Dans le cerveau, le stress provoque l’atrophie de certaines zones comme l’hippocampe ou le cortex préfrontal, de zones qui sont importantes notamment pour la mémoire, l’apprentissage, la planification, la prise de décision. Mais également l’hypertrophie de l’amygdale qui intervient sur la régulation émotionnelle. Et cela génère plus de sensations négatives comme la peur, l’agressivité ou l’anxiété.

Au niveau cellulaire, le stress psychologique diminue la réponse immunitaire. Et il génère de l’inflammation, qui si elle dure trop longtemps ou de manière répétée peut entraîner des altérations au niveau des tissus. Il créé aussi des mécanismes qui accélèrent le vieillissement cellulaire. 
Tous ces mécanismes toxiques du stress chronique sont liés à l’épigénétique. 

Des chercheurs ont démontré par des études menées sur des groupes de pratiquants de méditation l’impact quasi-immédiat de la méditation sur les gènes pro-inflammatoires RIPK2 et COX2 ainsi que sur plusieurs gènes nommés  "HDACs" qui régulent l’activité épigénétique d’autres gènes en supprimant l’expression d’un composé chimique. 
Ces modifications épigénétiques sont associées à une récupération plus rapide des niveaux de cortisol, à la réponse au stress, l’inflammation et le vieillissement cellulaire qui sont des facteurs de risques pour la plupart des maladies chroniques. 

5. Le développement de la vertu d'humanité

« Fortifier le corps, développer les sens, et éveiller l’esprit » 

C’est une devise du Daoyin Qi Gong ; c’est une ligne de conduite autant qu’une pensée fondatrice. 
Guider et étirer l’intention, pour nourrir les principes vitaux, pour nourrir l’intérieur, c'est le sens de Daoyin, ce petit mot anodin placé devant Qi Gong pendant plus de 2000 ans et qui disparu par décision politique en 1949 !
« Fortifier le corps, développer les sens et éveiller l’esprit ». Les anciens maîtres du Tao ne se trompaient pas : nos cinq sens sont des vecteurs d’expérimentation, de connaissance, de découverte et d’adaptation à notre environnement.

Il n’y a pas d’expérience du monde que nous puissions faire à l’extérieur de nous même ! Nos capteurs sensoriels reçoivent le monde, notre système nerveux l’interprète et notre cortex cérébral le vit ! Nos sens façonnent nos mémoires : nos mémoires sensorielles, intellectuelles, physiques et émotionnelles. L'addition de ces mémoires fait que l'on vit le monde qui nous entoure et structure notre psychologie.

Une symphonie puissante se joue dans notre corps, liant entre elles des neuro-stimulis que notre cerveau va interpréter, va transformer, va choisir d’amplifier ou d’oublier.

Le chef d’orchestre de cette symphonie parfois harmonieuse, parfois discordante, c’est nous. Mais qui sommes nous ? Qui suis-je ?

Daoyin... Guider et étirer l’intention… Notre sensorialité nous ramène à notre corps car grâce à nos perceptions nous pouvons observer et comprendre notre environnement. Revenir à notre corps, c’est retrouver la conscience d’exister, de percevoir le mouvement de la vie en soi.

Si il y a mouvement et si il y a respiration, alors il y a vitalité.

Mobiliser le mouvement, mobiliser la respiration, c’est mobiliser la vie.

C’est l’éveil de la conscience, c’est être.

On parle tellement du bien-être de nos jours, en oubliant parfois de préciser que le bien-être c'est surtout être bien ! C'est une attitude qui s'établit dans la durée et qui prédispose au bonheur.
Il faut une force mentale, une rectitude, une énergie ferme, bienveillante et non complaisante pour s'établir dans le bonheur. Cela n'a rien à voir le plaisir, qui par définition est éphémère.
La somme de tous nos plaisirs ne nous rend pas plus heureux. Elle nous rend plus dysfonctionnel, plus exigeant, plus sclérosé... Le bonheur est ce qui nous lie à l'Autre. On peut avoir le déplaisir de manger un plat peu appétissant, mais goûter quand même au bonheur de manger ce plat entouré de tous nos amis. Ce n'est pas le plat qui est alors important, c'est la force de ce moment de vie en commun avec les gens qu'on aime.
Si le Qi Gong n'est qu'un outil de développement personnel alors toute la sagesse des anciens maîtres du Tao peut être considérée comme perdue.
Le Qi Gong doit nous permettre de nous relier à la Vie, au vivant et aux vivants.
Le Qi Gong, en nous permettant de fortifier notre corps, de développer nos sens et d'éveiller notre esprit, doit être un outil non pas de développement personnel, mais de développement spirituel, d'existence, dans le sens d'Ex Sistere, de "sortir de", de nous "manifester à", et d'être porteur autour de nous d'apaisement et de vitalité.

Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse, mais fais à autrui ce que tu aimerais qu’il te fasse, ceci sans s’opposer à son intention » (Li Ji) « Livre des Rites » - Confucius

L’Etre humain (Ren) voit le Ciel (Tian) et peut recevoir le souffle spirituel (Shen Qi),
L’Etre humain écoute la terre (Ti) et peut comprendre le souffle essentiel (Jing Qi),
L’Etre humain échange avec l’Etre humain (Ren) et peut évoluer (changer le cours des choses ou le destin) (Ming).
Celui qui ne sait pas voir le ciel et ne veut pas comprendre la terre demeurera l’esclave de l’Etre humain ou achètera celui-ci.  (Shing Ji) - « Le Livre des Odes » - Confucius

Ainsi, qui se veut Dur, qu'il se garde par la douceur
Et qui se veut Puissant, qu'il se protège par la souplesse.
Par douceur accumulée on se fait Dur
Par souplesse accumulée, on se fait puissant.
(...)
Le puissant vainc qui lui est inférieur ;
Contre qui lui est égal, sa puissance n'est que de même force.
Le doux, lui, vainc même ce qui le dépasse ;
Il dispose d'une force incalculable.     Traité du prince de Huainan

Perdu en mer, un homme ne distingue plus l'Est de l'Ouest ;
Mais il lui suffit de trouver l'étoile Polaire pour se repérer.
La nature de l'homme est son étoile polaire :
Qu'il se considère lui-même
Et il ne perdra rien des dispositions propres des êtres ;
Sans ce regard sur soi,
Au moindre choc, il est profondément perturbé.
C'est comme de se baigner à Longxi :
Plus on s'agite, plus on s'enfonce.      
Traité du prince de Huainan











   


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