La tombe de la duchesse présente un intérêt tout particulier. Hormis le fait que le corps était parfaitement conservé et que le tombeau contenait un véritable trésor archéologique, on y trouva un document traitant de la philosophie taoïste, ainsi qu'une peinture sur soie, représentant une quarantaine de personnages pratiquant ce qui pouvait être assimilé à une gymnastique.
A côté de chaque
personnage figurait un caractère désignant un organe et un son. Il s'agissait
du descriptif d'une pratique médicale basé sur le mouvement et la respiration,
nommé Daoyin Tu (litt. : pratique d'entretien de la voie).
Les archéologues datèrent
très précisément la date de l'inhumation qui eut lieu donc, en 184 av. J.C.
C'est la première trace archéologique avec une datation précise, qui confirme une réelle ancienneté du Qi Gong.
Les autres preuves de
l'ancienneté de ces techniques sont issues d'écrits relatifs soit à la médecine
chinoise, soit à des descriptions historiques établis par des contemporains
lettrés. Les datations sont moins précises, et plus les références font
remonter les histoires loin dans le temps, plus celles-ci se confondent entre
réalités historiques et contes conservés par des transmissions orales.
Entre
140 et 265 après J.-C., un médecin du nom de Hua To, découvre le principe de
l'anesthésie par acupuncture et fonde une méthode de soin basée sur une
gestuelle inspirée du mouvement de cinq animaux. Le jeu des cinq animaux du
docteur Hua To restera comme l'un des plus fameux Qi Gong jamais créé (Wu
Chin Si Qi Gong).
Plus récemment, mais au XIIeme siècle quand même, c'est un général du Yue Fei, qui laissera à la postérité une pratique de Qi Gong connu encore aujourd'hui sous le nom de Ba Duan Jin (les pièces de brocart).
Il y aura ainsi de nombreuses preuves établissant que la pratique du Qi Gong, ou des Qi Gong ne date pas d'hier.
Le
caractère de l'idéogramme Qi, se compose de différentes parties : une gerbe
d'épis, placée dans un récipient recouvert d'un couvercle, récipient duquel
s'échappe de la vapeur. L'idéogramme est traduit par air, air en mouvement,
souffle, vie, énergie, vitalité.
C'est
la logique chinoise : si il y a air, il y a souffle.
Il
y a alors mouvement et donc énergie.
Si
il y a énergie et mouvement, alors il y a vitalité.
A
contrario, sans mouvement, sans souffle et sans air, il n'y a pas de vie.
Respirer
c'est donc motiver le souffle.
Motiver
le souffle c'est favoriser l'énergie.
Favoriser
l'énergie, c'est tout simplement s'ouvrir à la vie.
Très
vite et très tôt donc, pour les praticiens du Tao, il va y avoir corrélation
ente le mouvement (et donc l'entretien de la mobilité physique) et la
respiration (et donc l'entretien du souffle) afin de parvenir à un entretien de
la vitalité de façon générale.
On
peut citer De Sambucy, précurseur de l'ostéopathie en France qui écrira au
sujet du Qi Gong : « Ces techniques ont, en bonne partie, donné
naissance à la suédoise de Ling (1810). Ils sont infiniment plus précis, plus
nets, plus parfaits, plus ortho-pulmo-vertébraux que dans la corrective de
Ling. Des rhumatisants, des malades couchés, des grabataires peuvent, assis sur
le parquet, assis sur leur lit, les exécuter. Honneur aux sages qui
enseignaient cela il y a 2700 ans ! Voilà ce qu'enseignaient à leurs
élèves Lao Tseu et maître Kong »
Le Daoyin Fa Qi Gong : définition et description
Daoyin Fa Qi Gong signifie
entretien (Gong) de la vitalité (Qi) par les techniques (Fa) de
nutrition intérieure (Daoyin).
Cette appellation a été le
plus souvent assimilée aux pratiques d'obédience taoïste.
Le Daoyin Fa Qi Gong peut
être décrit comme une gymnastique de santé ancienne qui s’appuie sur la théorie
fondamentale de la médecine chinoise traditionnelle ainsi que sur les principes
taoïstes.
La particularité des
méthodes traditionnelles de Daoyin est d'agir concrètement sur 5 points :
2. La mobilisation
par le biais d'attitudes ou de mouvements spécifiques des muscles internes
profonds comme le diaphragme thoracique, le psoas, l'illiaque et leur
réunion : le psoas illiaque, mais aussi les muscles des extrémités.
3. Agir sur
l'appareil circulatoire pour rechercher une régularisation du rythme
cardiaque plus qu'une accélération. On cherche à faciliter la circulation
sanguine plus qu'à l'accélérer.
4. Agir bien
évidemment sur l'appareil respiratoire, notamment par le biais de la
respiration cardio pulmonaire, mais aussi par le biais du Mouvement
Respiratoire Primaire.
En favorisant un travail
profond de la respiration, on va dans un premier temps amplifier les mouvements
de l'abdomen. A l'inspiration on va gonfler le ventre, et pendant la phase
d'expir, on va rentrer le ventre.
Cette amplitude nouvelle
va permettre un massage en profondeur des intestins et diffuser ainsi plus de
sang dans l'organisme.
Cet afflux sanguin va agir
sur la dispersion des stases et améliorer ainsi la sensation de bien-être
général.
Le MRP (mouvement
respiratoire primaire), correspond lors de l'inspiration et de l'expiration à
la fluctuation du liquide céphalo rachidien, qui induit par l'action des
membranes intra-crâniennes et intra-spinales, des micro-mouvements au niveau
des os du crâne et du sacrum.
Ces micro-mouvements sont
répercutés comme une onde dans tout le corps via les fascias et les liquides
corporels et permettent, ce faisant, des échanges vitaux et énergétiques
importants.
Ce MRP s'exprime sur un axe
dit crânio-sacré, liant les mouvements du bassin à ceux du crâne.
A l'inspir, le bassin va
basculer vers l'avant et à l'expir, vers l'arrière.
Cette bascule légère du
bassin entre antéroposition et postéroposition influence la bascule du sacrum,
qui va ainsi tendre et relacher une membrane nommée dure-mère. Cette membrane
s'insère dans le sacrum, se prolonge dans la colonne vertébrale et va remonte
jusqu'à la calotte cranienne.
Les mouvements imprimés
par le sacrum à cette membrane va donc agir comme un massage profond jusqu'au
crâne et générer à son tour un auto-massage ostéopathique du crâne, permettant
une amélioration du mouvement respiratoire primaire que nous évoquions plus
haut.
On rejoint ainsi un texte
d'un classique de la littérature taoïste et médicale traditionnelle chinoise,
le Su Wen : "quand on respire avec la conscience du centre, le fluide
subtil issu de ce centre agit sur le crâne."
Ce qui nous amène au
cinquième point :
5. Agir sur le
psychisme : les structures psychiques conditionnent en premier lieu les
mouvements du corps en général ; ceux ci modèlent à leur tour les tissus mous
et influencent les formes du corps.
Dans cette suite de
dépendances la respiration sera un point d'articulation et d'équilibre entre
les éléments psychiques et moteurs.
Muscles et fascias
contractés sont des freins du mouvement et de la circulation du sang, donc, des
sensations de bien-être.
Le Qi Gong, par les jeux
des divers balancements doux qu'il propose, permet au corps de libérer les
entraves de protection qui limitent, justement le mouvement profond des
liquides.
En effet, le cerveau est
tout particulièrement protégé par le crâne mais également par le liquide
céphalo rachidien qui s’oppose aux mouvements violents qui seraient en mesure
de blesser le cerveau.
Des membranes
intra-crâniennes (méninges, faux du cerveau, tente du cervelet) limitent
également, par simple tension de réaction, ces mouvements.
C’est le principe d’un œuf cru placé dans un bocal. Si on remue le bocal on casse l’œuf. Si on remplit ce bocal d’eau froide il devient plus difficile de casser l’œuf. Avec de l’eau tiède et salée cela devient très difficile. Si, de plus on place l’œuf dans un sac en plastique il devient impossible de le casser sans casser le bocal. Mais cela limite le mouvement de l’œuf dans le bocal !
Par un balancement lent,
rythmique et progressif on parvient à mobiliser l’œuf sans risque de le
briser.
Lorsque le corps se méfie, à juste titre, du mouvement que l’on va faire effectuer au crâne il renforce ces défenses limitant le mouvement du cerveau. Le cerveau est protégé mais immobile, voire contraint.
En habituant le corps
progressivement à un mouvement non agressif, donc considéré comme non dangereux
et même plaisant, il relâche naturellement ces défenses et le cerveau retrouve
sa mobilité et un état de veille assez proche de celui de la méditation ou du
rêve.
Et libère le mouvement du
liquide (Jing) et par conséquence de l’énergie (Qi) de manière, grâce à la
juste mesure, de parvenir à un résultat. Donc de s’approcher du Tao.
"C'est en parcourant le chemin que la voie
se trace.
C'est en les nommant que les choses se
précisent.
La juste mesure permet la pratique.
Pratiquer c'est chercher à atteindre un but.
Atteindre ce but c'est enlacer le Tao.
Il faut simplement affirmer ce fait."
Tchouang Seu
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